Karachi : une plainte contre Accoyer

© MAXPPP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Plusieurs parties civiles vont porter plainte contre Bernard Accoyer pour "entrave à la justice".

Nouveau rebondissement dans l’affaire Karachi. Mercredi, plusieurs parties civiles ont annoncé, à travers la voix de leur avocat, leur intention de porter plainte contre Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, pour "entrave à la justice". Ils l’accusent d’avoir refusé de communiquer à la justice des comptes rendus d’auditions parlementaires, confirmant ainsi une information révélée par Le Parisien.

"En accord avec mes clients, nous allons déposer plainte pour délit d'entrave à la justice car nous estimons que l'argument avancé par M. Accoyer est fallacieux", a déclaré Me Olivier Morice. Le président de l'Assemblée nationale avait justifié par "des raisons constitutionnelles" le fait d'avoir écrit au juge enquêtant sur l'attentat de Karachi, pour lui annoncer qu'il refusait de lui communiquer les auditions d'une soixantaine de personnes entendues par la mission parlementaire consacrée à cette affaire. Il avait précisé dans sa lettre que transmettre ces informations serait contraire au "principe de séparation des pouvoirs".

Bernard Accoyer a estimé mercredi que sa décision "n'entrave en rien les capacités d'investigation de la justice". Il ajouté qu'il "partageait le souci de vérité des familles" et "comprenait leur douleur".

Accusé de "protéger des hommes politiques"

Le juge Marc Trévidic, qui enquête sur l'attentat de Karachi, n'a donc pas pu consulter les travaux de la mission d'information sur ce drame, survenu le 8 mai 2002. 14 personnes avaient alors trouvé la mort au Pakistan, dont 11 salariés français de la Direction des constructions navales.

"En réalité, le président de l'Assemblée nationale protège un certain nombre d'hommes politiques des investigations du juge Trévidic", estime l'avocat des parties civiles Me Morice. parmi les personnes auditionnées figuraient notamment l'ancien Premier ministre Edouard Balladur et plusieurs anciens ministres de la Défense.

L'enquête avait d'abord privilégié la piste islamiste. Ensuite, elle s'est orientée vers l'hypothèse de représailles pakistanaises après l'arrêt des versements de commissions sur la vente de sous-marins, qui pourraient elles-mêmes avoir donné lieu à des rétrocommissions pour financer la campagne présidentielle de M. Balladur. Dans ce cadre, les familles de victimes avaient déjà déposé une plainte pour corruption et entrave à la justice, en décembre 2009.

L'annonce de cette plainte survient le jour de la sortie de On nous appelle les "Karachi", un livre écrit par deux filles de victimes de cet attentat, qui demandent "la vérité" sur l'affaire.