L'accusation. Dans son édition du 30 octobre, l'hebdomadaire Valeurs actuelles accuse l'Elysée de cacher un "cabinet noir" visant à enquêter illégalement sur Nicolas Sarkozy. Selon le magazine, "une cellule officieuse veillerait à orchestrer les affaires judiciaires contre Nicolas Sarkozy" et serait responsable de "fuites" dans la presse en rapport avec ces affaires, notamment celle concernant Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais, actuellement en cours d'instruction. Pour étayer cette thèse, déjà avancée en juillet dernier dans un article intitulé "Sarkozy, la chasse à l'homme", le magazine s'appuie sur le témoignage de Bernard Muenkel, ancien chef du service transmissions et informatique de l’Elysée, qui assure avoir été rétrogradé pour avoir "refusé de se plier à une demande illicite de la part du 'cabinet noir' de l'Elysée".
Noms et mots-clés. Bernard Muenkel affirme que des conseillers de François Hollande, notamment le commandant militaire de l'Elysée, le colonel Bio-Farina, auraient exigé de lui qu'il fasse une recherche dans les archives de Nicolas Sarkozy, à propos de son entourage. "Le 8 avril 2013, le colonel me convoque dans son bureau", raconte-t-il, et "me demande de faire une recherche sur l'ensemble des supports informatiques, fichiers, etc., auxquels j'ai accès. Il me lit une liste de noms et de mots-clés. Après avoir photocopié une partie de l'annexe, il surligne certains noms".
Parmi ces noms, figurent des personnalités dans le viseur de la justice : Bernard Tapie, Christine Lagarde ou encore Claude Guéant. Parmi "les mots-clés", on trouve "arbitrage", "Tapie", "Bredin", "Mazeaud" et "Estoup", ces trois derniers étant les noms des juges arbitres de l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais. Bernard Muenkel, qui assure à Valeurs Actuelles avoir refusé de s'exécuter, affirme que ces requêtes étaient illégales car contraires au protocole d'accord signé par Nicolas Sarkozy avec les Archives nationals. Ce protocole règle l'accès aux archives de son quinquennat et fait de l'ancien président le seul propriétaire.
La réplique de l'Elysée. La réponse de l'Elysée n'a pas traîné. Dans un long communiqué, la présidence de la République précise qu'elle "tient à rétablir la vérité des faits suite aux allégations de Valeurs Actuelles". L'Elysée affirme ainsi avoir agi à la demande et sous le contrôle de la justice. "La présidence de la République n’a fait qu’exécuter les réquisitions adressées par les juges d’instruction et par le Conseil constitutionnel". Ces réquisitions concernaient les instructions ouvertes concernant "la mise en oeuvre d'une procédure d'arbitrage entre le Consortium de Réalisation (CDR) et les liquidateurs des sociétés de Bernard Tapie" et pour "prise illégale d'intérêt à l'occasion de la fusion des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires". "En aucun cas, la Présidence n’est allée au-delà des demandes des juges", conclut le communiqué.