Traditionnellement, l’élection présidentielle mobilise les Français. Mais à 34 jours du premier tour, un sondage révèle que 29% des Français envisagent de ne pas aller voter. En coulisses, la classe politique avoue que le spectre d’une abstention massive est bien là. Maurice Leroy, ministre de la Ville, est même prêt à parier que "c’est à cette élection qu’on aura un record d’abstention".
"On ne sent pas une mobilisation comme on la ressentait à la dernière présidentielle", a-t-il confié à Europe 1 au retour d’un week-end de campagne chargé, aux côtés de Nicolas Sarkozy. "Quand il y a une forte abstention, c’est le B-A, BA en politique, c’est le camp qui se mobilise qui gagne".
"Les gens sont assez déboussolés" :
Mobilisation générale
La mobilisation générale a donc été décrétée par les partis. Au programme : le "boîtage", c’est-à-dire le dépôt de tracts dans les boîtes aux lettres. Les partis vont aussi aller au contact des Français, en faisant du porte à porte. Cela ne suffira cependant peut-être pas à réveiller l’intérêt des électeurs. Car leur désaffection vient avant tout du fait que la campagne est bien trop "techno", avec trop d’experts, de courbes et de chiffres.
Trop de crise en somme, comme l’explique Olivier Duhamel, politologue et éditorialiste sur Europe 1 : "Il y a à la fois une campagne techno et une campagne d’attaques tous azimuts", décrypte-t-il. Dans ce "mélange curieux des deux", il ne relève pas "d’un côté ou de l’autre un vrai projet". "En même temps, les Français sont très sceptiques sur les projets", note ce spécialiste.
"Un signe de malaise"
Depuis 2007, quand le match Royal-Sarkozy avait suscité une ferveur électorale incontestable, toutes les élections intermédiaires ont été marquées par une forte abstention. Après cette élection, "les Français ont voté chaque année, et à chaque fois ils ont battu le record d’abstention, aux élections municipales, aux élections européennes, aux élections régionales, aux élections cantonales…", relève Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, le centre de la vie politique française. Pour cet observateur, "il y a là un signe de malaise, d’inquiétude, de préoccupation des Français qui peut se traduire par un vote protestataire, mais aussi par un retrait des urnes".
Et l’abstention n’est ni de gauche, ni de droite. Les partis l’ont bien compris et savent bien que tout se jouera sur leur mobilisation.