Le vote en faveur du Front National est moins atypique qu’auparavant, selon une étude réalisée par l'institut de sondage Ipsos auprès de 7.500 personnes. Qu’on prenne en compte le critère de l’âge, du sexe ou de la région, un constat s’impose : ceux qui ont voté FN dimanche lors du premier tour des élections cantonales ressemblent de plus en plus à l’électeur "lambda".
Percée chez les jeunes électeurs
Le FN s’est évidemment renforcé dans les catégories qui sont traditionnellement sa cible, les chômeurs, les ouvriers, les employés. Ainsi, un quart des ouvriers a voté FN lors du premier tour des cantonales.
Mais le FN progresse aussi dans des catégories qui n’ont pas toujours été son point fort, dont les jeunes. Les 18-24 ans représentent ainsi la catégorie d’âge qui a le plus voté FN dimanche dernier : 18% de cette tranche d’âge a voté pour un candidat frontiste.
Un électorat qui se diversifie
Autre catégorie statistique dans laquelle le FN améliore ses scores : les femmes, alors que pendant longtemps le vote FN a été qualifié de masculin. Les proportions sont désormais quasi-identiques : 16% des hommes et 15% des femmes interrogés ont voté pour le parti de Marine Le Pen.
Le vote FN se répartit donc plus équitablement dans toutes les catégories de la population, comme le confirme Jean-Yves Camus, politologue spécialiste du FN. "Des catégories qui, jusqu’à présent jugeaient peut-être que voter pour le parti de Jean-Marie Le Pen était un peu excessif, ont désormais moins de réticences vis-à-vis du FN depuis que Marine Le Pen en a pris la tête. C’est notamment le cas dans la classe moyenne supérieure, qui pourrait de plus en plus laisser tomber ce tabou du vote frontiste : c’est peut-être moins incorrect qu’avant", analyse-t-il.
Les différences géographiques s’estompent
"Du point de vue du vote frontiste, il y a eu pendant longtemps une France coupée en deux : c’était d’avantage un vote de la partie sud-est du pays. C’est un vote qui désormais s’étend à des régions qui traditionnellement étaient rétives : on constate de bons scores du FN par exemple dans certains cantons du département de la Charente-Maritime, du département de la Loire-Atlantique. Traditionnellement, c’était des régions où le FN n’arrivait pas à percer", décrypte-t-il.
"C’est la confirmation d’une vague de fond qui a été entamée il y a déjà longtemps, environ une dizaine d’années, qui voit petit à petit le vote frontiste s’étendre non seulement à travers les catégories sociales, mais également géographiquement", conclut Jean-Yves Camus.