La vidéosurveillance divise le PS

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avec Thierry Guerrier et David Doukhan , modifié à
Le PS avait défini sa ligne sur la sécurité. Mais la vidéosurveillance brise le consensus.

La question de la sécurité a toujours posé problème au Parti socialiste, alors qu’elle fait les choux gras de Nicolas Sarkozy depuis plusieurs années. Mais en novembre dernier, à l’issue du Forum socialiste sur la sécurité à Créteil, le parti pensait enfin avoir réglé la question. Le PS avait entériné 22 mesures pratiques pour lutter contre la délinquance. Autant de propositions concrètes à exposer aux Français lors des futurs combats électoraux.

Seulement voilà, un petit livre blanc, publié jeudi aux éditions Jean-Claude Gawsewitch, devrait à nouveau semer la zizanie. Intitulé Sécurité, le fiasco de Sarkozy, les propositions du PS, cet ouvrage de 128 pages recense toutes les fameuses mesures concrètes que les socialistes disent vouloir mettre en oeuvre s’ils reviennent au pouvoir. Toutes, sauf une : la vidéosurveillance.

La patte de Martine Aubry

Certains camarades maires de grande ville ont peu goûté le court paragraphe sur la question, qui diffère en apparence de façon anodine des termes de l’accord trouvé en novembre. "Nous ne croyons pas à la solution miracle de la vidéosurveillance", peut-on lire dans ce petit ouvrage préfacé par Martine Aubry. "La vidéo ne doit être utilisée que dans des endroits clos." Finie donc la préconisation implicite dans la rue ou à ciel ouvert. Et ça change tout à leurs yeux.

Mis devant le fait accompli, Manuel Valls fustige un texte trop flou. "Il n’est pas assez clair. Et pourtant, les débats avaient fait la démonstration que la vidéosurveillance est certes un outil utile dans les transports, dans les espaces clos, mais qu’elle peut aussi être utile, et c’est le choix que beaucoup de maires de gauche font, dans l’espace public", a réagi le député-maire d'Evry, sur Europe 1.

Les maires socialistes de grandes villes, comme le Lyonnais Gérard Collomb ou le Dijonais François Rebsamen, ne manqueront pas de voir dans cette correction la patte de Martine Aubry. La première secrétaire du PS n’a en effet jamais caché sa réticence envers ce dispositif. Mais la maire de Lille, qui évoque une "tempête dans un verre d'eau", a assuré à Europe 1 que les maires socialistes auront toute latitude pour installer des caméras dans leur ville s'il juge que le dispositif peut être "efficace".