Jean-Marc Ayrault et François Hollande n’ont pas besoin de ça. Déjà aux prises avec une majorité parfois turbulente, les deux têtes de l’exécutif prient désormais pour que le Parti socialiste garde la main sur l’Assemblée nationale. Car le risque d'une perte de la majorité absolue est réel.
L’info. Dimanche se tenaient deux élections législatives partielles. Dans la 1ere circonscription des Français de l’étranger, c’est le candidat UMP qui s’est imposé face au socialiste Franck Scemama. Frédéric Lefebvre (photo), grognard de la sarkozye, a donc récupéré le siège de Corinne Narassiguin, dont l’élection avait été invalidée par le Conseil constitutionnel. Une bonne nouvelle pour la direction de l’UMP, Jean-François Copé voyant dans cette victoire "un message de désaveu très clair que les Français envoient à François Hollande et à son gouvernement".
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La fête aurait pu être plus belle encore. Mais dans la 8e circonscription (Chypre, Grèce, Italie, Israël, Turquie), où les Franco-israéliens - pourtant très sarkozystes - forment la majorité de l'électorat, c’est le candidat de l’UDI Meyer Habib qui l’a emporté. La visite de soutien de Nicolas Sarkozy à Valérie Hoffenberg, la candidate UMP, n’a donc pas suffi.
Comment en est-on arrivé là ? En juin 2012, le PS se frotte la main : en obtenant la majorité absolue, il peut engager son action législative dans la plus grande sérénité. Mais depuis, les choses se sont singulièrement compliquées. "Le PS a perdu les sept élections législatives partielles qui ont eu lieu depuis un an", rappelle en effet Jean-François Copé. Dimanche soir, le patron de l’UMP a sorti sa calculatrice : en perdant deux nouveaux sièges, le PS n’en compte plus que 292, soit seulement trois sièges de plus que la majorité absolue dans l’hémicycle, qui s'établit à 289 députés.
Et demain ? Une autre élection partielle aura lieu dimanche prochain à Villeneuve-sur-Lot, le fief de Jérôme Cahuzac, contraint à la démission par ses ennuis judiciaires. Pas moins de 17 candidats vont s’affronter, et le Parti socialiste a beaucoup à craindre. En cas de nouvelle défaite, il restera néanmoins 292 députés socialistes, les trois sièges concernés par des élections législatives partielles (deux sièges pour les Français de l'étranger et celui de Jérôme Cahuzac dans le Lot-et-Garonne) ayant déjà été retirés.
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Mais un autre nuage plane au-dessus du gouvernement : les élections municipales de 2014. Certains députés, en situation de cumul des mandats, pourraient en effet choisir de conserver leur poste de maire. De nouvelles élections partielles seraient alors organisées. Avec un gouvernement contesté et une situation économique qui tarde à s’améliorer, les Français pourraient bien être tentés de profiter de cette possibilité pour sanctionner l’action de François Hollande. L’UMP en rêve, le Front de gauche aussi, quand les écologistes et les radicaux y voient un moyen de peser davantage dans le débat. Au PS, on s’inquiète. "On leur expliquera que ce n'est pas le moment de provoquer des partielles", a assuré Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, lundi, sur LExpress.fr.
"Euh, non, nous ne sommes pas sûrs" de conserver la majorité absolue jusqu'à la fin du quinquennat, a de son côté reconnu Thierry Mandon, porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, lundi matin sur Europe 1, même s’"il y a encore une petite marge". Et de rappeler que "les deux dernières expériences gouvernementales de la gauche, 1988-1993 et 1997-2002, nous n'avions qu'une majorité relative, ça ne nous a pas empêchés de réformer le pays...".