C'est en Lorraine, une région durement touchée par la crise et les fermetures d'usines que Marine Le Pen a tenu son premier meeting de campagne dimanche à Metz. La candidate du Front national en a profité pour taper sur une gauche "boboisée et corrompue", devant 1.000 à 1.500 sympathisants.
Elle a ainsi tenté de rallier à l'extrême droite une partie des électeurs de gauche, alors que les affaires qui embarrassent le Parti socialiste se sont multipliées depuis plusieurs mois comme celle de corruption présumée dans les Bouches-du-Rhône et désormais un autre dossier dans la fédération PS du Pas-de-Calais.
"La gauche savait"
"La gauche sans morale, du Sud au Nord, qui fait mine de détourner les yeux et de se pincer le nez devant les Guérini, les Dalongeville, les Kucheida. Alors que cette gauche savait depuis toujours la corruption. Elle savait l'argent sale", a accusé Marine Le Pen.
"Elle savait mais elle n'a rien dit. Pour le pouvoir et pour l'argent, ils ont tué vos rêves comme de vulgaires affairistes de droite", a-t-elle poursuivi. Avant de renvoyer dos à dos la gauche et la droite et de déployer un argumentaire reposant sur le thème du "tous pourris".
Après avoir exalté le drapeau français, "l'aventure nationale", "l'amour de sa nation", la députée européenne a fait huer Nicolas Sarkozy sur le thème de l'immigration. La candidate FN a prôné l'interdiction du voile "pour les usagers du service public et pas seulement pour les agents". "Lorsqu'on aime son pays, on n'organise pas sa dilution culturelle", a-t-elle conclu.
"Présidente des oubliés"
Invectivant droite comme gauche, Marine Le Pen veut ainsi se présenter comme la candidate des oubliés des partis traditionnels. "Ouvrez les yeux. Comprenez enfin qu'il y a beaucoup plus de points communs entre eux qu'entre vous et eux, que ce sont eux qu'ils aident, qu'ils défendent, pas vous", a-t-elle estimé.
"Je serai cette présidente des oubliés, cette présidente des invisibles, de ces millions de Français dont on ne parle jamais et qu'on piétine allègrement" après les élections, a lancé la leader du Front national.
Vêtue de noir, Marine Le Pen a voulu s'adresser aux "agriculteurs, chômeurs, jeunes, artisans et commerçants, employés, fonctionnaires, retraités, habitants des campagnes françaises". "Vous êtes ces oubliés, cette majorité invisible, broyés par un système financier devenu fou", a-t-elle poursuivi, devant une foule de tous âges. "Pour eux", les dirigeants actuels "francophobes", "face à leur Dieu le triple A, vous êtes des triples riens", a-t-elle lâché.
Evoquant Gandrange, ce site d'ArcelorMittal où plus de 500 emplois ont été supprimés en 2009, malgré des engagements de Nicolas Sarkozy, l'eurodéputée a dénoncé ce "symbole des promesses trahies" et "des mensonges éhontés". "Ma politique sera à l'opposé (...). Je dirai peu et je ferai beaucoup", a-t-elle assuré.