Une fois de plus, le nucléaire est au cœur du débat. L'intrusion lundi à l'aube de militants de Greenpeace dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine a fait réagir chez les écologistes, mais aussi à l'UMP. Si Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a jugé l'action "irresponsable", il a cependant reconnu que "cela fait quand même réfléchir sur la sécurisation des accès aux centrales nucléaires". "Il va falloir en tirer des conséquences", a-t-il conclu.
EDF a minimisé cette intrusion, assurant que les équipes de surveillance avaient tout de suite compris qu'ils avaient affaire à des "militants pacifiques" et non armés. "On a vu tout de suite qu'ils n'avaient pas d'armes. (...) Pour nous, il n'y a pas de dysfonctionnement. Une fois que les personnes se sont introduites, elles ont été détectées et suivies, et dès lors qu'il s'agit de personnes aux intentions pacifiques, il faut intervenir dans le calme", a réagi Dominique Minière, directeur du parc nucléaire d'EDF.
Eric Besson, ministre de l'Industrie, a pour sa part déclaré que si une enquête confirme l'intrusion, "cela veut dire qu'il y a eu dysfonctionnements et qu'il faudra prendre des dispositions pour que ça ne se reproduise pas". Une déclaration qui a donné lieu à une véritable passe d'arme sur Twitter entre le ministre et Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts.
"Auriez[-vous] préféré un tir à vue ?"
Le mot "dysfonctionnement" ne semble pas assez fort pour cette dernière, qui a lancé au ministre : "@Eric_Besson si les intentions n'étaient pas pacifiques ça s'appelle une catastrophe" (sic). Ce à quoi Eric Besson a répliqué : "[Vous] êtes toujours aussi subtile ! Apparemment ils ont été repérés et surveillés en permanence. Auriez[-vous] préféré un tir à vue ?".
Toujours sur Twitter, la députée européenne EELV Michèle Rivasi a dit "merci" à l'organisation écologiste "de démontrer que les audits de sûreté nucléaire DOIVENT intégrer le facteur humain". Noël Mamère, député EELV, a quant à lui salué la "démonstration" faite par Greenpeace, qui "apporte la preuve qu'il n'y a pas de sécurité totale dans les centrales nucléaires". Et le député de voir dans cette action "la preuve que les écologistes ont raison de dénoncer les mensonges de l'Etat et du lobby nucléaire".
"On a raison de pointer les lacunes"
"Cela montre qu'il y a des failles et qu'on a raison de pointer les lacunes et les défaillances depuis de début", a réagi Benoît Hamon, porte-parole du PS, avant d'ajouter : "nous réalisons que nous sommes sur un système qui se fonde sur des déclarations (...) qui méritent d'être vérifiées et confirmées sur le terrain".
L'eurodéputé écologiste Yannick Jadot a dénoncé sur Europe 1 les "fortes défaillances en matière de sécurité" du parc nucléaire français. "Fukushima a mis fin au mythe du nucléaire sûr et on voit là que nos centrales sont vulnérables. Un commando déterminé, qui voudrait perpétrer un acte de malveillance, pourrait se rapprocher du nucléaire et c'est quand même extrêmement inquiétant et dangereux", a-t-il regretté. Pour Yannick Jadot, les test qu'EDF doit mener pour vérifier la sécurité de ses sites nucléaires sont insuffisants. "Dans les fameux stress tests d'Eric Besson et de l'industrie nucléaire, on ne teste pas les risques d'incendie, d'explosion, d'erreur humaine ou les défaillances, et évidemment on ne teste pas le crash d'un avion ou les risques d'un attentat terroriste", dénonce-t-il. "Et au finish, on a à travers les stress tests, une image totalement enjolivée de l'industrie nucléaire." "Il va être temps qu'EDF soit conforme à ces règles plus strictes", demande l'eurodéputé.