“L’originalité de ce rapport, c’est d’abord d’agir (…) non pas simplement sur les mineurs multirécidivistes pour les aider à en sortir, c’est agir sur les flux, c’est-à-dire tout faire pour que le gamin en difficulté ne bascule pas“, a détaillé le secrétaire d’Etat à la Justice Jean-Marie Bockel, mardi matin sur Europe 1, au sujet du rapport sur la prévention de la délinquance qu’il doit remettre à Nicolas Sarkozy mercredi.
Travailler le plus amont possible dès qu’un enfant en difficulté est détecté est une priorité, car “on se rend compte que c’est parfois trop tard“, même en agissant dès le collège, a estimé l’ancien maire de Mulhouse.
Commandé par Nicolas Sarkozy après les évènements de Grenoble dans le quartier de la Villeneuve, ce rapport doit faire le bilan des différentes politiques de prévention de la délinquance juvénile. Car “le président n’est pas tout sécuritaire“, prévient Jean-Marie Bockel, avant d’ajouter : “on a toujours été dans une démarche équilibrée“.
"Il y a souvent double emploi"
Le secrétaire d’Etat à la Justice a ensuite défendu les nouvelles sanctions pour les parents d’“enfants à problèmes", considérées plus comme une menace qu’un outil couramment utilisé. “Je pense que les mesures existantes en matière de mise sous tutelle, de suspension des allocations familiales, doivent exister pour qu’évidemment on n’ait pas besoin d’y recourir mais que ce soit une pression pour certains parents“, a-t-il estimé.
Ces nouvelles sanctions existent "pour que des parents acceptent de retrouver leur dignité, leur autorité parentale. Finalement ils ne demandent que cela", a ajouté Jean-Marie Bockel :
“Avec les contrats locaux de sécurité, les moyens des collectivités, des mairies se sont multipliés. (…) Les moyens existent, simplement souvent il y a du double emploi, souvent on ne sait pas qui fait quoi“, a-t-il regretté, présentant ainsi une autre conclusion de son rapport : rationnaliser les politiques et les moyens de la prévention.
S’inspirer de l’étranger
Jean-Marie Bockel a ensuite évoqué les modèles de prévention développés à l’étranger, déclarant son intérêt pour une initiative allemande mise en place à Berlin.
“Les jeunes qui sont juste avant la case prison, c’est-à-dire des jeunes qui ont beaucoup de problèmes de violence et qui ont d’ailleurs eux-mêmes fait beaucoup de bêtises, on met en place après l’école des petits groupes, six à dix et on lui fait des stages antiviolence de 4/5 heures par jour, pendant trois, quatre mois. C’est efficace puisque deux gamins sur trois ne recommencent pas“, a-t-il expliqué.
Bien que Jean-Marie Bockel présente ce rapport comme “une priorité du pays“, le talon d’Achille des politiques de prévention réside souvent dans le manque de moyens. Le secrétaire d’Etat à la Justice aura-t-il les moyens de ses ambitions ? “La réponse dépend du président de la République“, a-t-il conclu.