Jusqu’au bout, il s’est démené pour garder sa place dans le gouvernement. En bataillant au Parlement pour faire adopter la réforme des retraites, d’abord. En déclarant à l’envi qu’il souhaitait rester, ensuite. "J'ai toujours dit que je désirais rester. Je pense que j'ai été un ministre du Budget efficace, et un ministre des Affaires sociales également. C'est au président de choisir, ses décisions seront les bonnes, par principe", disait-il encore samedi, sur RTL. Mais rien n’y a fait. Dimanche, le nom d’Eric Woerth n’a pas été prononcé par Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, au moment de donner la composition du nouveau gouvernement.
Car la position de l’ancien ministre du Budget était devenue intenable, notamment auprès de l’opinion. La faute à l’affaire Bettencourt, qui a sérieusement écorné l’image d’homme irréprochable qu’il s’était forgée depuis son entrée au gouvernement, en 2004, comme secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat. Deux des quatre enquêtes engagées dans cette tentaculaire affaire, l'une pour financement illégal politique et l'autre pour trafic d'influence, le concernent en effet directement.
"Immunité parlementaire"
Au sein de la majorité, beaucoup ont avancé le fait qu’après la nomination de juges d’instruction dans l'affaire Bettencourt, l'agenda du ministre risquait vite de se remplir de rendez-vous judiciaires, et d'une éventuelle mise en examen, peu conciliables avec une fonction ministérielle. "L'erreur a été de ne pas l'avoir viré tout de suite, dès qu'il avait mis le petit doigt dans l'engrenage. Ça nous a tous plombés", lâchait même récemment un ministre.
En outre, "il sera mieux protégé des juges s'il retrouve son immunité parlementaire", glisse un membre de la majorité. A la faveur de la révision constitutionnelle de 2008, Eric Woerth doit en effet retrouver automatiquement son siège de député de l’Oise dans un mois maximum. Après huit années ininterrompues de carrière ministérielle, Eric Woerth s’apprête donc à retrouver l’Assemblée nationale. Sans enthousiasme.