C'est un vent d'amertume qui souffle du côté des Verts. Un peu partout en France, des socialistes se sont affranchis de l'accord national PS-EELV réservant des circonscriptions aux écologistes. C'est en tout cas ce qui ressort d'un premier examen des candidatures déposées dans le délai légal qui a expiré vendredi dernier.
Entente cordiale
A la base, l'entente réservait une soixantaine de circonscriptions aux écologistes, dont une vingtaine gagnables en cas de victoire de la gauche. Il s'agissait de favoriser l'émergence d'une force politique alliée au PS mais capable d'avoir son propre groupe parlementaire, en raison d'un mode de scrutin qui broie les formations politiques de second rang.
Or, dès l'automne, François Hollande s'était démarqué de cet accord, non sur son volet électoral, mais sur son programme, notamment au sujet du nucléaire. Et surtout, le faible score d'Eva Joly à la présidentielle (2,3%) a encouragé, comme le craignaient publiquement de nombreux responsables écologistes, des candidats socialistes en puissance à entrer dans l'arène.
Des promesses non tenues
Début avril, le PS ne recensait que huit circonscriptions où l'accord prévu ne s'appliquait pas. Mais Pierre Moscovici, alors directeur de campagne de François Hollande, promettait que l'accord signé à la mi-novembre entre les deux partis serait "respecté".
Très vite pourtant, des barons locaux du PS ont mis leur veto à la mise en œuvre sur leurs terres de ce "gentleman agreement". A commencer par le maire de Lyon, Gérard Collomb, qui soutient officiellement son adjoint du Parti radical de gauche (PRG) Thierry Braillard face à Philippe Meirieu, chef de file des écologistes à la Région Rhône-Alpes. Et Arnaud Montebourg qui, avec sa fédération de Saône-et-Loire, a apporté son soutien à une socialiste exclue depuis par le PS face à l'écologiste désignée par les deux formations. Autant de "petits marquis locaux", tacle le parti écologiste.
Climat tendu
En Bretagne, sur les quatre circonscriptions réservées EELV, on compte trois candidats PS ou proches de lui, dont la maire de Guingamp Annie Le Houerou. Une proportion qui est presque la même dans les Pays de la Loire, avec trois candidats de gauche sur cinq circonscriptions réservées.
En Normandie, on retrouve des cas identiques dans l'Orne et le Calvados et, en région Centre, dans la 2e circonscription d'Indre-et-Loire, tenue par l'UMP. Même chose dans la 3ème circonscription de Haute-Garonne. Presque à chaque fois, il s'agit de notables (maire, conseiller général, ancien député...).
Dans les Bouches-du-Rhône, le climat est aigre entre socialistes et écologistes. En avril, la région a même été le théâtre d'un conflit entre leurs colleurs d'affiches.