Les coulisses du quinquennat de Nicolas Sarkozy ne seront bientôt plus un secret pour personne. Après les récits d'anciens conseillers du président et les Carnets de pouvoir de Rama Yade, c'est au tour de Frédéric Mitterrand de raconter la Sarkozie de l'intérieur. Pas "un livre politique" selon son auteur mais "le livre d'une expérience humaine dans le domaine de la politique". Dans La Récréation, dont les bonnes feuilles ont été publiées jeudi dans le Point, on trouve des anecdotes que personne d'autre, à part Frédéric Mitterrand, n'oserait raconter. Sur la beauté de François Fillon ou encore les tentatives de séduction de Laurent Wauquiez. Mais ce livre de près de 700 pages dit aussi des choses sur l'exercice du pouvoir. Morceaux choisis.
La beauté de Fillon. L'ancien ministre de la Culture, qui n'a jamais caché son homosexualité, confie avoir toujours eu un faible pour François Fillon. "Je suis frappé par la beauté physique de cet homme-là", écrit-il à propos de l'ancien Premier ministre.
Et le jeu de drague de Wauquiez. L'ancien locataire de la rue de Valois raconte comment l'ancien ministre du Budget, Laurent Wauquiez, testait son pouvoir de séduction sur lui, juste "pour se distraire". "Cet allumeur de Laurent Wauquiez me fait passer un petit papier au conseil des ministres, raconte l'auteur. Il est assis en face de moi. Il a écrit : 'Pourquoi tu me regardes avec cet air langoureux ?' "Je ne le regarde d'aucun air particulier, mais l'ambiance est morne, il doit s'ennuyer et teste son pouvoir de séduction sur moi pour se distraire", écrit Frédéric Mitterrand. Ce qui ne semble pas lui déplaire : "C'est effectivement un beau gars dans le genre qu'on regarde dans les vestiaires après un match de foot et à qui on parle de filles en pensant éventuellement à autre chose", confesse le neveu de François Mitterrand.
Premier Conseil, première bourde. Frédéric Mitterrand reconnaît aussi bien volontiers qu'il était, du moins au début de ses fonctions, un ministre totalement inexpérimenté. Le 23 juin 2009, alors que Nicolas Sarkozy ne l'a pas encore officiellement nommé, Frédéric Mitterrand annonce lui-même son arrivée rue de Valois. Ce qui lui a valu un premier Conseil des ministres des plus désagréables. "Le président lance à la cantonade : 'la règle absolue pour les apprentis ministres, c'est de s'abstenir de parler à tort et à travers'. Pas la peine de me faire un dessin, les apprentis ministres, c'est moi. Je me tiens bien tranquille sous les regards obliques de mes nouveaux petits camarades", écrit l'ancien ministre de la Culture.
Sarkozy : "c'est rien Marine Le Pen". Frédéric Mitterrand relate également cette conversation un peu surréaliste avec Nicolas Sarkozy. Ce 15 février 2012, le président, qui vient d'annoncer qu'il se représentait, jauge ses deux adversaires.D'abord le candidat socialiste. "Hollande ? Mais il n'est pas sympa du tout. Il ne faut surtout pas se fier à son air de bon gars. C'est tout le contraire. Tu vas t'en rendre compte, pas trop tard j'espère", confie Nicolas Sarkozy. Au tour de la candidate du FN d'essuyer les critiques. "Marine Le Pen ? C'est rien, Marine Le Pen, c'est une plaisanterie, cette histoire. Un peu d'agitation, mais rien de sérieux, elle ne peut pas tenir longtemps", assure l'ancien chef de l'Etat, selon les propos rapportés par Frédéric Mitterrand.
Un ministre en campagne. Frédéric Mitterrand raconte aussi cette remontrance que lui a faite Nicolas Sarkozy. Ne jamais oublier les déplacements en province. "Vous êtes ministre et vous n'allez pas assez au contact. J'ai le relevé de vos déplacements en province, il faut bouger beaucoup plus", le sermonne l'ancien président. Et Nicolas Sarkozy de donner une leçon de politique à son apprenti ministre : "Quand on est ministre, on est toujours en campagne, et encore plus maintenant", lui explique t-il, en ce 16 novembre 2011, soit six mois avant la présidentielle de 2012. "Il y en a trop parmi vous, on se demande ce qu'il font à ne jamais sortir de leur ministère !" s'emporte alors Nicolas Sarkozy.