Confrontée aux mauvais résultats de la lutte anti-tabac, Marisol Touraine a décidé, cette semaine, de relancer le combat contre le tabagisme, et plus particulièrement contre les cigarettes électroniques. La ministre de la Santé se serait certainement bien passée de l'enquête parue dans le Journal du Dimanche…
L'info. Selon le journal dominical, le fabricant de cigarettes British American Tobacco (BAT), propriétaire des marques Lucky Strike, Vogue ou Dunhill, a invité à déjeuner, mercredi, des parlementaires français, parmi lesquels André Santini, Patrick Balkany (photo), François Sauvadet encore Dominique Bussereau. Maîtresse de cérémonie : la présidente de BAT France en personne, Soraya Zoueihid, qui a réglé les 10.000 euros de l'addition. "Nous n’avons pas parlé de fiscalité ni des prix", a assuré un porte-parole du fabricant au JDD.
Pourquoi un tel déjeuner? Depuis 2009, tous les ans, l'Etat augmente le prix du paquet de cigarettes. Alors les industriels font tout pour préserver leurs intérêts. Une hausse trop forte ferait reculer les ventes, donc leurs profits. Pour le moment, la baisse des ventes, de l'ordre de 4,5%, est compensée par la hausse des prix. Mais l'équilibre est fragile. D'où l'intérêt de faire passer des messages à ceux qui votent les lois. Un cadre de l’administration explique ainsi au JDD, sous couvert d’anonymat, que "l’État et les fabricants ont des intérêts communs".
Que dit la législation ? Ce déjeuner n'aurait pas dû avoir lieu. La convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé sur la lutte antitabac, ratifiée par la France, stipule en effet que "l’État doit veiller à ce que les politiques ne soient pas influencés par les intérêts de l’industrie du tabac". Pour se défendre, les parlementaires ont un argument : ils votent tous les ans la hausse du prix du tabac. Reste une question : comment faire pour que les industriels du tabac payent davantage d'impôts ? Selon le JDD, ils réalisent en effet en France 1 milliard d’euros de marges en France, mais ne sont imposés que sur… 50 millions. Soit un manque à gagner de plus de 300 millions de recettes pour l’État.