Le fossé entre citoyens et élus se creuse. La défiance des Français envers leurs élus et dirigeants politiques s'est encore accrue en 2010, à en croire le dernier Baromètre de la confiance politique publié lundi par le Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences-Po.
83% des Français estiment en effet que les hommes politiques ne se préoccupent pas de ce que pense la population. En 2010, ils étaient 81% à exprimer leur défiance, lors de la première enquête de ce type réalisée par Opinionway pour le Cevipof et l'institut Pierre-Mendès-France.
Les maires décrochent à leur tour
Jusque-là épargnés, les élus locaux voient désormais leur cote de confiance s’éroder sensiblement. Les personnes sondées ne sont plus que 52% à déclarer avoir confiance dans leurs élus locaux, contre 65% il y a un an.
Ces élus locaux "se présentent comme un filet de protection en cas de crise, ce qu'ils sont de moins en moins", analyse le directeur du Cevipof, Pascal Perrineau sur Europe 1. " Les maires et les conseillers ne peuvent empêcher les délocalisations, la montée du chômage, il y a une certaine sanction de la part de l'option publique" ajoute-t-il.
Une démocratie qui patine
Plus généralement, 57% des personnes interrogées estiment que la démocratie en France fonctionne "pas très bien" ou "pas bien du tout", contre 48% il y a un an. 42% des personnes sondées ont au contraire répondu qu'elle fonctionne "très bien" ou "assez bien".
Cette défiance dépasse les clivages politiques, puisque 56% des sondés déclarent n'avoir confiance ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays. Avec 22% de confiance dans ses capacités à gouverner, un score en hausse de sept points, la gauche passe cependant de justesse devant la droite, qui cède un point à 21%.
"On va dans une politisation négative, c'est-à-dire une politisation assez forte qui va de pair avec une défiance à l'égard des politiques, d'où un espace ouvert pour le populisme", commente le directeur du Cevipof. Mais tout n'est pas désespéré : les Français gardent confiance en eux-mêmes et dans le premier cercle les entourant, amis et voisins, selon ce baromètre. Le défi est de transformer cette confiance là en confiance politique, estime Pascal Perrineau. "Là ce n'est pas une mince affaire", observe le politologue.