Le gouvernement a-t-il cherché à minimiser la pénurie de carburant qui frappe les automobilistes ? Tout le week-end, les ministres, à commencer par François Fillon, ont affirmé qu'il n'y aurait pas de pénurie. Mais devant l'exaspération des conducteurs confrontés à la panne sèche dans les stations services, l'exécutif a modifié sa communication.
Des contorsions sémantiques
Au prix de quelques contorsions sémantiques, Matignon a tenté de corriger le tir mardi. Pas question de parler de pénurie, tout juste évoque-t-on des "tensions d'approvisionnement". Le gouvernement a tout de même activé un centre de crise pour assurer "la pérennité du ravitaillement en carburant" dans l'Hexagone.
Mais plusieurs députés UMP, notamment de l'Ouest, déplorent un décalage entre le discours du gouvernement et la réalité. "Arrêtons de dire qu'il n'y a pas de pénurie ! Chez moi, en Loire-Atlantique, il n'y a plus une goutte d'essence", s'est exclamé Serge Poignant mardi lors de la réunion hebdomadaire du bureau du groupe UMP.
"On a mesuré avec retard l'ampleur des blocages"
Pour Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, "il y a pu y avoir des retards ce week-end". "Je crois qu'il y a eu des remontées sur la réalité du terrain qui n'ont pas été très exactes puisque sans doute on a mesuré avec retard l'ampleur des blocages", explique-t-il sur Europe 1.
Ce cafouillage met la majorité en ébullition. Des députés UMP tombent à bras raccourcis sur Jean-Louis Borloo : "on ne l'a pas entendu pendant 4 jours," tempête l'un d'eux. A Matignon, personne ne défend le ministre de l'Ecologie. "Ce qui devait être corrigé l'a été", se contente de dire l'entourage de François Fillon. "Procès d'intention", réplique-t-on chez Jean-Louis Borloo.
"Pas de reproche particulier"
L'Elysée calme le jeu. "Il n'y a pas de reproche particulier à l'encontre de qui que soit," dit un conseiller de Nicolas Sarkozy qui ajoute, dans une allusion au prochain remaniement, "que Jean-Louis Borloo soit une cible, c'est la loi du genre..."