La ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a profité fin 2010 du jet privé d'Aziz Miled, voire de son hôtel. Or ce riche homme d'affaires tunisien serait proche “du clan Ben Ali“, croit savoir Le Canard Enchaîné dans son édition de mercredi. L'hebdomadaire rapporte que la ministre a utilisé entre Noël et le Jour de l'An cet avion pour relier Tunis à la ville de Tabarka, avec son conjoint Patrick Ollier, ministre chargé des Relations avec le Parlement, et des membres de leur famille. Tous ont ensuite séjourné dans l’hôtel appartenant à Aziz Miled.
L'avion privé ainsi que l'hôtel de destination de Michèle Alliot-Marie appartiennent à Aziz Miled, ami de longue date de la ministre et présenté par Le Canard Enchaîné comme proche de Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali. Or la révolte tunisienne avait commencé quelque deux semaines auparavant, après l'immolation par le feu d'un jeune Tunisien, le 17 décembre à Sidi Bouzid, dans le centre du pays.
"Aziz Miled n'est pas un membre du clan Ben Ali"
"Il est vrai que Michèle Alliot-Marie, après avoir pris un vol commercial de Paris à Tunis, a ensuite pris un avion privé pour Tabarka", a répliqué le cabinet de la ministre des Affaires étrangères, avant d’ajouter : "c'était à l'invitation de Aziz Miled, un ami depuis plusieurs années, qui est le propriétaire d'une compagnie aérienne appelée Nouvelair“. Le cabinet de Michèle Alliot-Marie n'a, en revanche, pas confirmé le séjour dans l'hôtel et apporté une nuance de taille. "En aucun cas, il ne s'agissait d'une faveur du clan Ben Ali, (…) Aziz Miled n'est pas un membre du clan Ben Ali", a-t-il souligné.
"C'est M. Miled qui a créé sa société", précise Patrick Ollier sur Europe 1. "M. Trabelsi est venu lui extorquer 20 % de sa société et a exigé d’avoir la présidence. C’était la pression effectivement de Ben Ali dont Aziz Miled a été la victime.
Inscrit sur la liste noir établie par la Suisse
Aziz Miled fait cependant partie de la liste des personnes dont la Suisse a gelé les avoirs le 19 janvier après la chute de Ben Ali. Il est présenté sur cette liste, publiée par le gouvernement suisse, comme un associé de Belhassen Trabelsi.
Le Canard Enchaîné indique aussi avoir cherché en vain à savoir qui avait réglé la facture de l'hôtel de Tabarka où ont séjourné la ministre et sa famille. "Elle a été réglée par Mme Alliot-Marie et sa famille", a assuré l'entourage de la ministre sans plus de précisions.
Cette révélation s’ajoute à une première polémique, lorsque Michèle Alliot-Marie avait proposé le 11 janvier devant l'Assemblée nationale une coopération sécuritaire au régime Ben Ali. L'opposition avait alors demandé la démission de la ministre.