Montebourg sur les pas de Sarkozy ?

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Fabienne Cosnay , modifié à
VIDEO - Le ministre a engagé un "bras de fer" à Florange. Sarkozy avait, lui, échoué à Gandrange.

En 2008, Nicolas Sarkozy voulait sauver Gandrange. Aujourd'hui, Arnaud Montebourg veut sauver Florange. Dans un cas comme dans l'autre, les deux responsables politiques ont engagé un bras de fer avec le groupe ArcelorMittal. Europe1.fr a comparé le discours du ministre du Redressement productif de jeudi à celui tenu par Nicolas Sarkozy, le 4 février 2008.

Le même ton offensif…

Comme Nicolas Sarkozy en 2008, Arnaud Montebourg a employé un vocabulaire volontairement martial à l'égard d'ArcelorMittal, en prenant soin de se placer du côté des salariés. "Nous sommes maintenant engagés dans un conflit avec ArcelorMittal, nous y sommes côte-à-côte et ensemble", a martelé Arnaud Montebourg. Le gouvernement a "répété, martelé, rappelé" qu'il souhaitait le redémarrage des deux haut fourneaux de Florange à l'arrêt depuis 14 mois, et "à l'évidence, il ne vous a pas échappé que ce souhait n'était nul-lement partagé par les actionnaires et la direction du groupe ArcelorMittal", a souligné le ministre du Redressement productif.

Le 4 février 2008, Nicolas Sarkozy se lançait déjà dans un discours qu'aurait pu tenir un syndicaliste. Soit avec Mittal comme propriétaire, soit avec un autre propriétaire éventuel, l'Etat préfère investir pour moderniser le site plutôt que payer de l'argent pour accompagner des gens soit en préretraite, soit au chômage, assurait le président. Ce qui se joue, ça va au-delà de l'acier, au-delà de la Lorraine. Ce qui se joue, c'est la présence d'usines sur le territoire de notre pays", avait-il lancé.

Sarkozy a Gandrange mittalpar erikmetz57

… mais la promesse n'est pas la même

Sous les applaudissements de 400 ouvriers, Nicolas Sarkozy finissait son discours par une promesse. Celle de revenir en personne "pour annoncer la solution trouvée". Nicolas Sarkozy est bien revenu à Gandrange, le 15 octobre 2009. Sans être toutefois parvenu à empêcher la fermeture de l’usine, quelques mois auparavant, le 31 mars 2009.

Le président s'était pourtant engagé à sauver Gandrange, avec l'aide de l'Etat, si nécessaire. "Nous, l’Etat, on ne se contentera pas de dire : "Il n’y a qu’à. On mettra de l’argent dans l’outil de production s’il le faut", avait-il martelé, devant des ouvriers confiants.

L'échec de Sarkozy a marqué les esprits

Même s'il a opté pour un ton dur aussi vis-à vis d'ArcelorMittal, Arnaud Montebourg n'a pas pris un engagement ferme comme l'avait fait Nicolas Sarkozy. Car l'échec de l'ancien président à Gandrange a marqué les esprits. Devant les salariés de Florange, le ministre du Redressement productif a d'abord voulu faire œuvre de pédagogie, expliquant la dureté de sa tâche. "C'est un bras de fer difficile qui s'engage avec une multinationale de l'acier", a-t-il expliqué. Mais comme pour mieux se démarquer de Gandrange et de Nicolas Sarkozy, Arnaud Montebourg l'a répété : "Je ne suis pas venu faire des promesses".

A aucun moment, Arnaud Montebourg n'a évoqué une aide financière de l'Etat, contrairement à la promesse faite en 2008 par Nicolas Sarkozy. Le ministre du Redressement productif a cependant posé deux exigences face au groupe ArcelorMittal. D'une part que les activités éventuellement abandonnées dans la filière "chaude" (production d'acier à partir de minerai de fer et de coke) puissent "faire l'objet d'une reprise par tout opérateur intéressé dans le monde". D'autre part que l'aciériste, s'il décide effectivement d'abandonner le "chaud", "investisse de façon significative et importante" sur la filière "froide".