L'accident de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon a relancé le débat samedi sur la sûreté des installations en France, deuxième plus grand pays nucléaire au monde après les Etats-Unis. Les autorités de surveillance ont annoncé le renforcement immédiat de la surveillance de qualité de l'air et assuré que les Français seraient informés "en temps réel". Mais les écologistes réclament d'ors et déjà l'abandon pur et simple du nucléaire, pointant des risques "non maîtrisables".
Le gouvernement veut rassurer
A Paris, en milieu d'après-midi, les ministres de l'Ecologie et de l'Industrie ont fait le point avec l'ensemble de la filière nucléaire française. Ensuite, lors d'une conférence de presse, Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson se sont voulus rassurants tout en reconnaissant ne pas disposer "de toutes les informations nécessaires pour avoir une analyse complète" de la situation.
Depuis l'annonce de l'accident au Japon, "il y a des échanges d'informations entre tous les gestionnaires de risques nucléaires" dans le monde, a précisé la ministre de l'Ecologie. Selon elle, il n'y a pas d'inquiétude à avoir pour les populations des territoires français d'Outre-Mer, situés à des milliers de kilomètres dans le Pacifique. "Si besoin était, des dispositifs seraient pris" pour les protéger, a ajouté Nathalie Kosciusko-Morizet.
Pour Eric Besson, Fukushima est "un accident grave mais pas une catastrophe nucléaire". "On est loin de Tchernobyl", a dit le ministre de l'Industrie.
Pas de "risque 0" pour les écologistes
En revanche, pour le réseau "Sortir du nucléaire", "la machine à étouffer l'information se met en marche". Pour les anti-nucléaires, en effet, l'accident japonais prouve qu'il y a tout lieu de s'inquiéter. "Même au Japon, pays au nucléaire réputé très sûr, la situation semble aujourd'hui échapper à tout contrôle. Cela devrait inciter tous les pays nucléarisés à revoir leur position", dénonce Greenpeace dans un communiqué.
De son côté, le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon se demande, dans un court texte, "combien de tragédies (il faudra) avant de prendre la décision de sortir du nucléaire au lieu de prévoir son extension au mépris de toute sécurité".
"La sécurité absolue n'existe pas", renchérit la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot. Les écologistes soulignent que certaines sont situées en zone sismique, comme celle de Fessenheim, en Alsace, ou en zone inondable, comme celle du Blayais en Gironde.