"Mais quand cela s’arrêtera-t-il ", doit se demander François Hollande depuis le Maroc, où il est en visite officielle. Déjà chamboulé par les aveux de son ancien ministre du Budget, le chef de l’Etat a appris jeudi dans Le Monde que son trésorier de campagne est actionnaire de deux sociétés offshore dans les îles Caïmans. Un coup dur de plus. Mais qui est ce Jean-Jacques Augier, nouveau caillou dans la chaussure du président ?
Pourquoi on parle de lui. Inconnu du grand public, son nom apparaît dans une enquête du Monde publiée jeudi. Il apparait que cet homme d’affaires de 59 ans est actionnaire de deux sociétés offshore dans les îles Caïmans, par le biais de son holding financier Eurane. Mais il n’a "ni compte bancaire personnel ouvert aux Caïmans ni investissement personnel direct dans ce territoire", assure-t-il au Monde. "Rien n'est illégal."
>> A LIRE AUSSI : Le "Offshore leaks", ce scandale mondial
Quel lien avec Hollande ? Pendant la campagne électorale du candidat socialiste, c’est lui qui tenait les cordons de la bourse. Normal, ricaneront les détracteurs du président, c’est un de ses anciens camarades de la promotion Voltaire, à l’Ena, dont il est sorti cinquième. Mais lui ne rêvait pas de politique. "J’étais intéressé par la chose publique, mais j’avais du mal avec l’aspect labourage de terrain, où l’on doit montrer qu’on s’intéresse aux problèmes des électeurs, où on ne doit jamais dire "je ne sais pas"… Ce n’est pas dans ma nature", explique-t-il à Libération, dans un long portrait qui lui est consacré, fin mars.
Si ce n’est la politique, ce sera donc le business. Mais, il le jure au Monde, "bien sûr que non", François Hollande n'était pas au courant de ses affaires. Pourtant, l’homme est bon en affaires. Alors quand il cherche un homme de confiance pour tenir ses comptes, le socialiste pense tout de suite à son ami de 30 ans. "C’est un type rigoureux et on peut avoir confiance en lui pour ne pas mettre le candidat en danger", estimait - un peu trop vite ? - l'avocat Jean-Pierre Mignard (photo), autre ami de trente ans du président.
Un businessman anachronique. Jean-Jacques Augier a la bougeotte, et son CV en est la preuve la plus flagrante. Polytechnicien et ancien inspecteur des finances, il a fait fortune dans les années 1990 en dirigeant la compagnie de taxis G7, "offerte" sur un plateau par André Rousselet, l’ancien directeur de cabinet de François Mitterrand. L’homme se lance aussi dans l’édition, son rêve, avec succès. Sa fortune en poche, il part alors conquérir… la Chine, où il ouvre trois boucheries et une librairie. Cette fois, Jean-Jacques Augier se plante. En 2009, retour en France, où il acquiert le magazine intellectuel Books, qu’il redresse. Et au début de l’année 2013, c’est Têu qui tombe dans son escarcelle.
Un militant de la cause homosexuelle. Il ne s’en est jamais caché : Jean-Jacques Augier est homosexuel. C’est en Chine qu’il a trouvé son actuel compagnon. Alors quand une manifestation s’organise pour défendre le mariage homosexuel, c’est devant qu’il faut regarder pour le trouver. La proposition de Pierre Bergé de reprendre Têtu pour un euro symbolique ne pouvait le laisser insensible : "moi-même je suis homosexuel, et j’ai le sentiment de pouvoir aider à la réflexion sur les thèmes abordés dans Têtu", pense-t-il.