Marine Le Pen a bien tenté de rectifier le tir, plaidant "la maladresse". Mais ses propos tenus jeudi matin sur Europe 1 ont suscité une vague d'indignation dans la classe politique. La présidente du Front national a laissé entendre que les quatre ex-otages français avaient pu avoir été "retournés" par leurs ravisseurs islamistes. "J'ai trouvé ces images étonnantes, cette extrême réserve étonnante", a commenté la patronne du FN, au sujet des premières images du retour des otages. Et l'eurodéputée de poursuivre: "les deux qui portaient la barbe taillée d'une manière assez étonnante, l'habillement était étrange. Et cet otage avec le chèche sur le visage... Tout ça mérite quelques explications de leur part".
"Invraisemblable indécence". Ses propos ont suscité l'indignation à gauche. "Venir juger ces otages sur ceux qu'ils sont aujourd'hui dans leur habillement ou leur état sans prendre en compte le calvaire qu'ils ont vécu, ça me suscite un vrai malaise", a commenté le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Sur son compte Twitter, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a, de son côté, dénoncé une "invraisemblable indécence" de Marine le Pen.
Invraisemblable indécence de Marine Le Pen à l'égard d'otages libérés après plus de 3 ans de captivité.— Najat Belkacem (@najatvb) October 31, 2013
Le PS réclame des excuses. Le porte-parole du PS, Eduardo Rihan Cypel, a dénoncé une "polémique révoltante et insupportable". "Marine Le Pen est tellement aveuglée par sa haine des musulmans qu'elle n'arrive pas à partager la joie de toute la Nation après la libération de nos otages", a fustigé le député de Seine-et-Marne. Sur son compte Twitter, le Premier secrétaire du PS Harlem Désir lui a emboîté le pas, réclamant "des excuses" de la présidente du FN, "auprès des otages et leurs familles".
#LePen est si aveuglée par sa "haine des autres" qu'elle est incapable de partager la joie de la Nation après la libération de nos #otages.— Eduardo RIHAN CYPEL (@Rihan_Cypel) October 31, 2013
Les déclarations de MarineLe Pen sur les otages sont honteuses et antipatriotiques. Elle doit s'excuser aupres des otages et leurs familles— Harlem Désir (@harlemdesir) October 31, 2013
"Cesser de médiatiser les retours". A droite, les réactions n'ont pas non plus manqué. Chacune sur un registre assez différent. Ainsi, le sénateur UMP des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi, a opté pour un tweet des plus ironiques. "37 mois dans le désert, Marine Le Pen aurait voulu que les otages nous reviennent en costume 3 pièces et rasés de près. Comment dire ?". Après avoir fustigé "des propos écœurants", le député UDI de Seine-et-Marne Yves Jégo préconise, lui, de "cesser de médiatiser les retours" des otages.
37 mois detenus dans le désert,Marine Le Pen aurait voulu que les otages nous reviennent en costumes 3 pièces et rasés de près.Comment dire?— Roger KAROUTCHI (@RKaroutchi) October 31, 2013
#otages : Les propos de M Le Pen sont écœurants .Pour éviter ces dérapages il faut cesser de médiatiser les retours #discrétion#décence— Yves Jégo (@yvesjego) October 31, 2013
"Le vrai visage de Le Pen". Le président de l'UMP Jean-François Copé a déploré, jeudi en fin d'après-midi, "des propos profondément choquants, à un moment qui doit être un moment de rassemblement national, où le pays retrouve sains et saufs des hommes qui pendant trois ans ont vécu un calvaire". "Cela donne une idée de ce qu'est la vérité du Front national. Il n'aura pas fallu attendre longtemps avant que le vernis craque et que l'on voit le vrai visage de Marine Le Pen", a conclu le député-maire de Meaux, moquant la stratégie de dédiabolisation du parti.
Un geste de solidarité. Invitée sur i>TELE, la mère de Pierre Legrand, Pascale Robert, a souhaité à Marine Le Pen ne jamais "vivre ça". Les ex-otages "ne sont pas des personnes médiatiques, d'être projetés comme ça devant les médias, ce n'est pas évident, donc (ils éprouvent le) besoin de se protéger", a souligné la mère d'un des otages. "Ils nous ont dit clairement que garder la barbe et le chèche, c'est aussi en solidarité (avec les) autres otages qui sont restés là bas (...) ça leur appartient et on a trouvé ça très touchant", a ajouté Pascale Robert.
POLEMIQUE - Le Pen persiste sur son malaise
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