L’affaire a des allures de tempête dans un verre d’eau. Jeudi, le Parti socialiste a accusé l'UMP d'avoir utilisé un compte Twitter "prétendument tenu par un permanent du PS" pour jouer "les corbeaux".
Retour fin août. L’histoire commence pendant les universités d’été du parti socialiste à La Rochelle. Apparaît alors un nouveau compte sur Twitter, le site internet de micro-blogging, où les internautes communiquent via des messages de 140 signes.
Un compte anonyme sur Twitter
L’internaute à l’origine de ce nouveau profil Twitter ne révèle alors pas sa véritable identité et prend le pseudo de Bérégovoy puis change pour s’appeler "Solferinien", en référence à la rue de Solférino, où le PS à son siège.
"Solferinien" se dit permanent du PS et promet de tout dire sur les petites guerres internes du Parti, sur les bisbilles entre ténors, entre Martine Aubry et Ségolène Royal. Ce qu’il essaie de faire, jusqu’à jeudi, jour où le PS accuse publiquement l’UMP d’être derrière ce compte.
Le PS sort un communiqué officiel
L’affaire devient même politique quand David Assouline, secrétaire national du PS (communication et mobilisation) sort un communiqué officiel dénonçant une entreprise de déstabilisation.
"En créant un compte sur le réseau social Twitter prétendument tenu par un permanent du PS pratiquant manipulation et calomnie, l'équipe Internet de l'UMP a dépassé la limite des pratiques admissibles dans le débat en ligne", accuse le sénateur, quelques heures après que LeMonde.fr a révélé l’affaire.
L'équipe internet du PS "a pu identifier en ligne l'auteur de cette imposture et a constaté qu'il s'agit d'une opération pilotée par l'équipe Internet de l'UMP", indique également le communiqué. L’équipe web du PS explique, en effet, avoir appâté "Solférinien" en lui promettant des documents. Il se serait alors identifié et le PS assure aujourd’hui qu’il s’agit d’un e-veilleur de l’équipe UMP.
Un compte suivi par 500 personnes
Selon David Assouline, le PS n'écarte pas, d’ailleurs, la possibilité de porter l'affaire en justice puisque ce "Solférinien", avait pour ambition de "manipuler la presse et l'opinion, attaquant même nommément un responsable national du PS et une journaliste". "Solférinien", avait en effet évoqué les conséquences professionnelles pour la journaliste Audrey Pulvar d'une candidature d'Arnaud Montebourg aux primaires socialistes, qu'il présentait comme certaine.
L’affaire ne s’arrête pas là. Quelques heures après le communiqué du PS, l’UMP a sorti, lui aussi, un texte officiel pour démentir "être à l’initiative de cette opération sur internet". Raillant même le PS, "l'UMP constate en tout cas que sa tolérance vis-à-vis de l'expression sur Internet est beaucoup plus grande que celle du Parti socialiste".
Reste qu’au final, les deux principaux partis politiques français se sont écharpés pour un compte Twitter suivi par 500 personnes en France. Seulement. A croire, qu’à l’approche de 2012, le PS et l’UMP deviennent fébriles sur la maîtrise des réseaux sociaux.