A la mi-novembre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts avaient conclu au forceps un accord électoral en vue des élections législatives. D’emblée, cette entente avait été mise à mal, notamment sur l’épineux sujet du nucléaire. Quatre mois plus tard, la situation s’est plutôt aggravée. Des voix s’élèvent pour dénoncer un accord qui fait trop de place aux écologistes par rapport au score sans doute très faible qu’Eva Joly s’apprête à réaliser au premier tour de l’élection présidentielle. Au niveau local, les dissidences se multiplient. Et la montée en puissance de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages n’arrange rien.
Les craintes de Voynet
"C’est un vrai problème", a ainsi reconnu Gérard Collomb, maire PS de Lyon, mardi soir sur Public Sénat. "Si demain, Jean-Luc Mélenchon est à 13% et que Eva Joly est à 2%, le Front de gauche, en particulier les élus communistes vont être tentés de dire : ‘essayez d’appliquer la même proportion’. Or, a poursuivi le sénateur du Rhône, "si on applique la même proportion, il n’y aura plus un seul élu socialiste en France. Ça va devenir un peu paradoxal."
Même au sein du parti écologiste, l’inquiétude sur une remise en cause de l’accord est palpable. "Je le crains bien sûr mais en même temps je constate que ces accords engagent les deux partenaires", avait ainsi concédé à la mi-mars Dominique Voynet, porte-parole d'Eva Joly, sur i-Télé. Deux jours plus tôt, Noël Mamère s’était lui publiquement interrogé, sur Vivre FM, sur la pertinence du maintien de la candidature d’Eva Joly. L’ex-candidat à la présidentielle a depuis fait amende honorable, évoquant "un moment de découragement".
Mercredi sur Europe 1, Jean-Vincent Placé s’est attaché à relativiser le malaise. S’il a bien reconnu "une campagne très difficile" et la nécessité" de faire un bon score à la présidentielle", le numéro 2 des Verts s’est voulu confiant. "Il y aura les élections législatives, ce sera un autre débat. Ce sera à ce moment-là que nous discuterons de tout ça. Je n'ai pas de souci, aucune inquiétude, ni même d'état d'âme par rapport à l'accord que nous avons contracté en novembre dernier", a assuré le sénateur de l'Essonne.
Jean-Vincent Placé reconnaît une "campagne difficile" :
De nombreuses dissidences
Pour rappel, l’accord entre les socialistes et les écologistes porte sur une soixantaine de circonscriptions, dont une trentaine seront "gagnables" en cas de dynamique après une victoire de François Hollande à l’élection présidentielle, contre une quinzaine si Nicolas Sarkozy est réélu. Par ailleurs, le Parti socialiste a conclu un accord avec le MRC de Jean-Pierre Chevènement, portant sur neuf députations, dont trois susceptibles d’être emportés. En revanche, aucun accord n’a été conclu avec le Front de gauche. En cas de gros score de Jean-Luc Mélenchon, la question se posera forcément. Et le PS aura bien du mal à rogner sur ses circonscriptions restantes.
Car au plan local, les dissidences ne manquent pas. En Bretagne, quatre candidats du PS ont annoncé qu’ils se présenteront dans les quatre circonscriptions théoriquement attribuées aux écologistes, rapportait mardi Le Télégramme. A Marseille, la maire du 2e secteur de la ville, Lisette Narducci, a annoncé lundi sa démission du PS et sa candidature face au candidat EELV-Les Verts. Et la liste n’est pas exhaustive.
La grogne a également atteint Paris, puisque le parachutage de Cécile Duflot dans la sixième circonscription de la capitale se heurte à l’ire des socialistes locaux. La députée sortante, Danièle Hoffman-Rispal, entend d’ailleurs bien se représenter, avec le soutien quasi public d’Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris Bertrand Delanoë
L’histoire de l’accord Verts-PS ne tient décidément pas du long fleuve tranquille. Il reste même, pour Eva Joly, l’un des pires souvenirs de sa campagne. "Lorsqu'on a effacé une partie de cet accord, l'intervention des lobbies dans cet accord m'a beaucoup choquée", a rappelé la candidate écologiste mardi sur Canal +.