Marine Le Pen a officiellement succédé à son père Jean-Marie Le Pen dimanche à la tête du Front national en remportant la consultation interne au parti avec 67,65% des voix contre 32,35% à Bruno Gollnisch. Ce rajeunissement de la direction du FN est-elle une menace pour l’UMP ? Au sein du parti présidentiel, beaucoup refusent d’y croire, certains préparent même la contre-attaque.
“Marine Le Pen, c’est comme Jean-Marie le Pen“
La première réaction des cadres de l’UMP est de dénoncer un “non-événement“, comme l’a fait la ministre Nadine Morano. "C'était prévisible et c'est ce qui est arrivé, c'est totalement un non-événement", a réagi la déléguée générale à l'UMP en charge des élections, avant d’ajouter : "nous restons bien dans le cadre d'une entreprise familiale".
“Marine Le Pen, c’est comme Jean-Marie le Pen“, renchérit Valérie Rosso-Debord, député de Meurthe et Moselle. Cette dernière poursuit son réquisitoire en rappelant que l’offre politique du FN est inexistante. “C’est un projet digne des années d’avant-guerre. Il faut que les Français sachent que le FN souhaite remettre les femmes à la maison afin de redonner du travail à l’ensemble de la population“, poursuit-elle.
Contrer le FN en muscler les fondamentaux
Pour contrer l’hypothétique essor du FN, l’UMP doit rester strict et conserver ses fondamentaux, selon Christian Vanneste, député du Nord.
“La droite, c’est la nation, c’est également la sécurité, c’est bien sûr l’endiguement de l’immigration, mais c’est aussi défendre le monde ouvrier et ne pas paraître, aussi peu que ce soit, lié aux intérêts de ce que certains appellent les riches. C’est la pire des attaques que nous subissons, et de ce point de vue-là, le FN se donne une image populaire, touche des électeurs socialement modestes“, analyse cet élu réputé très à droite.
Pas d’alliance, mais un espoir : la baisse du chômage
L’UMP peut-il s’allier au FN si ce dernier gagne du terrain lors des prochaines élections ? “Il n’y a aucun dialogue possible, aucun changement de ligne à admettre vis-à-vis du FN“, confie anonymement un ministre, avant d’ajouter : “si l’UMP dévie de sa ligne, je démissionne et quitte la vie politique“.
Marine Le Pen prend néanmoins de l’importance : elle arriverait en 3e position si le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu dimanche, derrière Nicolas Sarkozy et le candidat socialiste, mais loin devant tous les autres candidats, selon un sondage CSA pour Marianne publié vendredi. La menace est donc réelle, et la meilleure arme pour contrer l’extrême droite reste “d’inverser nettement la courbe du chômage“, confie ce ministre.