C'était l'une des couleurs de la présidence de Nicolas Sarkozy : "l'ouverture" est morte, dimanche soir à 20h15.
La "génération 2007" de l'ouverture disparaît, en effet, de l'équipe Fillon avec les départs de Bernard Kouchner, Fadela Amara et Jean-Marie Bockel.
"Ce nouveau gouvernement représente, enfin, un rétrécissement de l'assise gouvernementale sans précédent dans la mesure où il signe non seulement la fin de l'ouverture mais aussi la fin de la présence significative des centristes qu'ils soient ou non membres de l'UMP", commente le député PS Jean-Marie Le Guen qui estime que "Nicolas Sarkozy a donc perdu son bras de fer avec son Premier ministre et le nouveau président de l'UMP".
Il faut dire que l'ouverture à gauche, inventée par Nicolas Sarkozy, pour déstabiliser l'opposition, agaçait depuis 2007 les membres de l'UMP. Les tensions au sein du parti présidentiel, accentuées depuis les régionales, ont finalement poussé le chef de l'Etat à mettre fin à cette démarche.
Kouchner, le symbole de l'ouverture
Ancien ministre socialiste, Bernard Kouchner quitte donc le Quai d'Orsay sans avoir réussi à marquer de son empreinte la politique étrangère de la France, entièrement conçue à l'Elysée.
Connu pour ses combats humanitaires, il s'est contenté d'en être l'exécutant, se faisant sèchement recadrer les rares fois où il a tenté de marquer sa différence. Ce fut le cas notamment quand il évoqua à l'automne 2009 les risques pour la population civile iranienne de sanctions trop sévères, au moment où Nicolas Sarkozy plaidait pour une ligne dure afin d'amener Téhéran à renoncer à son programme nucléaire.
A 71 ans, le cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde ne cachait pas que ses jours au gouvernement étaient comptés depuis que Nicolas Sarkozy avait confirmé au début de l'été qu'il procéderait à un remaniement à l'automne.
Amara paie sa fidélité à Borloo
Bernard Kouchner y était entré en 2007 sous les huées de son ancienne famille socialiste, qui n'avait pas eu de mots assez durs pour dénoncer l'opportunisme de cet ancien militant d'extrême-gauche.
Ce jour-là, à ses côtés, Fadela Amara. Fondatrice et présidente du mouvement "Ni putes ni soumises", étiquetée à gauche, devenait secrétaire d'Etat à la Ville. Elle aussi quitte dimanche le gouvernement. Elle paye notamment sa fidélité à Jean-Louis Borloo, qui a quitté l'équipe de François Fillon dimanche faute d'être nommé Premier ministre.
Bockel, l'ancien sénateur socialiste
Enfin, dernier symbole de l'ouverture,Jean-Marie Bockel, ancien sénateur socialiste du Haut-Rhin quitte lui aussi le gouvernement. En 2007, celui qui incarnait depuis l'aile droite du Parti socialiste avait été nommé secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie. Il avait ensuite été nommé secrétaire d'Etat à la Justice.
Aucun poste ne lui a été attribué, dimanche soir.