Comme il l’avait annoncé, Nicolas Sarkozy s’est exprimé mercredi sur la réforme des retraites, au lendemain de la grande mobilisation syndicale. Et comme prévu, le chef de l’Etat, qui a pris la parole devant le Conseil des ministres, a annoncé quelques concessions, mais est resté ferme sur le report de l’âge légal.
Pénibilité et carrières longues
"Il n'est pas question de revenir sur ce point", a tranché le président de la République, selon le texte de sa déclaration communiqué par l'Elysée. "Cet âge sera progressivement augmenté, de 4 mois par an, pour atteindre 62 ans en 2018 tandis que l'âge d'annulation de la décote sera relevé au même rythme d'ici 2023", repoussant l'âge effectif de départ à taux plein de 65 à 67 ans.
Cela n’a pas empêché Nicolas Sarkozy de s’affirmer "attentif aux préoccupations exprimées" dans les cortèges. Et d’annoncer quelques assouplissements. Sur la pénibilité, le chef de l’Etat a proposé d'abaisser à 10% le taux d'incapacité permettant aux salariés effectuant un travail pénible de continuer à partir à la retraite à 60 ans, contre 20% dans le texte actuel. Il a aussi souhaité des accords de branche pour aménager leur fin de carrière. "Ces branches ou ces entreprises pourront compter sur le soutien financier et l'ingénierie d'un fonds public expérimental. Un bilan de ces actions sera dressé en 2014", a aussi annoncé le chef de l'Etat.
Un geste envers les fonctionnaires
Le président de la République a également annoncé un effort sur les carrières longues. "Le dispositif carrières longues créé en 2003 sera maintenu et élargi : tous ceux qui sont rentrés très jeunes sur le marché du travail, c'est-à-dire avant 18 ans, et qui ont toutes les années de cotisations requises, pourront continuer à partir à 60 ans, voire avant. Cela représente un effort supplémentaire de 350 millions d'euros pour nos régimes de retraite."
Enfin, Nicolas Sarkozy a fait un geste envers les fonctionnaires. Il a annoncé qu’il maintiendrait pendant cinq ans le dispositif permettant aux fonctionnaires ayant eu trois enfants et 15 ans de service de faire valoir leurs droits à la retraite avant l'âge légal. "Personne ne doit voir ses projets de vie bouleversés. C'est pourquoi nous proposerons que pour tous les agents qui sont à cinq ans de l'âge de la retraite et qui entendaient demander le bénéfice de cette mesure, les conditions de celle-ci demeurent inchangées", a déclaré le chef de l’Etat.
Tous ces infléchissements ont un coût. "La totalité du dispositif annoncé ce matin devrait coûter aux alentours d'un milliard d'euros", a estimé Gorges Tron, le secrétaire d'Etat à la Fonction publique sur BFM.