Huit "faucheurs volontaires", dont l'eurodéputé José Bové, ont été jugé mardi devant le tribunal correctionnel de Poitiers pour avoir détruit en août 2008, dans la Vienne, des parcelles de maïs OGM Monsanto. Les prévenus ont demandé à Ségolène Royal de témoigner en leur faveur. Et la présidente de la région Poitou-Charente et candidate à la primaire du PS est venue.
"Mon témoignage a trois raisons d'être : valoriser le devoir d'alerte" exprimé par les prévenus, "constater que ce droit d'alerte a été entendu" puisque la France a pris début 2008 un moratoire sur les OGM et "démontrer, enfin, que des alternatives" aux organismes génétiquement modifiés permettront de relever le défi alimentaire mondial, a lancé à la barre la socialiste.
Sous son impulsion, Poitou-Charentes a été la première région en 2004 "sans OGM", a-t-elle encore rappelé, avant de se lancer dans une longue apologie de la politique environnementale mise en oeuvre au conseil régional. Et, a-t-elle ajouté, "je peux dire que les faucheurs ont sauvé plusieurs dizaines de milliers d'emplois" en Poitou-Charentes où "il y a 57 produits reconnus en AOC, Label Rouge ou garanti d'origine et qui avec les OGM" disséminés "auraient été détruits".
Vers une alliance Verts- PS ?
"Je voulais te remercier, au nom de l'ensemble des prévenus", a lancé José Bové à la socialiste. "Ce combat pour une agriculture sans OGM et pesticides est un combat commun que l'on continuera à mener ensemble", a assuré l'eurodéputé. Et Ségolène Royal de répondre : "c'est une cause très importante. Les Français ont envie de la sécurité alimentaire et sanitaire".
Quant à une possible alliance entre les écologistes et socialistes en vue de la présidentielle, tous deux n'ont pas rejeté cette idée. "Pourquoi pas ?!", ont-ils dit.
"On y travaille" :
"Là, on est au tribunal. Mais on se retrouvera tous à un moment donné pour créer une véritable alternative en 2012", a affirmé José Bové. "Avec les mêmes valeurs", a confirmé Ségolène Royal.
Une condamnation requise
Ce procès est le dernier consécutif à la campagne de fauchages initiée en 1997 pour "dénoncer les dangers" des organismes génétiquement modifiés, dont la culture est désormais interdite en France depuis le moratoire sur les OGM décrété en février 2008.
A l'issue de l'audience, deux cents jours-amende à 50 euros ont été requis contre José Bové. Le parquet a estimé que le tribunal "ne pourra pas" prononcer une relaxe à l'égard des huit prévenus. Le procureur-adjoint François Casassus-Builhé a par ailleurs requis 100 jours-amende à 50 euros contre François Dufour, vice-président EELV du conseil régional de Basse-Normandie en charge de l'agriculture, et des amendes de 500 à 1.000 euros contre les six autres personnes poursuivies.
La décision devait être mise en délibéré après les plaidoiries de la défense. Les huit prévenus encourent trois ans de prison et 150.000 euros d'amende.