Il a un temps imaginé un passage au JT de 20h. Ou alors un grand entretien dans la presse écrite. Une chose était acquise : Nicolas Sarkozy voulait s’exprimer après sa mise en examen dans l'affaire Bettencourt. Et c’est finalement sur Facebook que l’ancien président a fait son retour médiatique, lundi.
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>> Pour Arnaud Mercier, spécialiste de la communication politique et des réseaux sociaux, contacté par Europe1.fr, "c’est très malin de sa part."
Est-ce surprenant de voir Nicolas Sarkozy rompre le silence sur Facebook ? C’est étonnant oui, car on n’a pas encore l’habitude de ce genre de pratiques. En choisissant ce canal pour s’exprimer, il sanctifie l’idée que les réseaux sociaux sont suffisamment installés dans les foyers français pour se permettre cela. Et il sait en plus qu’il va faire le buzz et que ses propos seront repris de partout. Autre avantage : il prouve qu’il n’a pas besoin des journalistes pour faire passer son message. ..
Facebook est donc plus puissant que le JT de TF1 ? Oui et non. De toute façon, il aurait pu s’exprimer dans le plus petit quotidien local que ses propos auraient fait la Une de tous les journaux ! Mais en choisissant Facebook, il cherche avant tout à s’exprimer vis-à-vis de ses soutiens. Il joue d’un lien affectif, qu’il veut renouer. Cela rappelle d’ailleurs un peu son message publié juste après sa défaite, le 6 mai 2012, très personnel. Là, il a encore signé de ses initiales, pour montrer à tous que c’est bien lui qui s’exprime et pas ses communicants.
Nicolas Sarkozy cherche donc des marques d’affection ? Oui, il a toujours entretenu une relation affective très forte avec les Français : soit on l’adore, soit on le déteste. Facebook est aussi dans ce registre : je t’aime ou je ne t’aime pas. C’est très malin de sa part. Il insiste sur l’humain dans ce message, prenant ainsi le contre-pied de ses soutiens, qui eux ne parlent que d’un complot politique ou d’une justice instrumentalisée par le pouvoir en place. Sa posture est tout autre : "je vis une épreuve humaine difficile et j’ai besoin de vous."
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Il devait de toute façon rompre le silence ? Absolument, il n’avait plus le choix. Mais même confronté à l’obligation de parler, il a malgré tout choisi de rester dans un schéma à la Pilhan : rendre la parole désirable. Il a donc attendu trois jours, a bien réfléchi, pesé le pour et le contre, et dégainé ce message. Il a entretenu le suspense et c’est très habile.