Durcir davantage la politique d’immigration, c’est l’une des propositions de Nicolas Sarkozy. Mardi soir sur France 2, le chef de l’Etat en campagne a expliqué vouloir diviser par deux le nombre d'immigrés accueillis en France et a évoqué, pour la première fois, une restriction de l'accès des étrangers aux droits sociaux qui sont jusque-là les mêmes que ceux des Français, dès lors qu'ils sont en situation régulière.
Réduire à 100.000 l’accueil chaque année
"Il y a trop d'étrangers sur notre territoire", a jugé le président-candidat. "Notre système d'intégration fonctionne de plus en plus mal parce que nous ne pouvons plus leur trouver un logement, un emploi, une école", a estimé Nicolas Sarkozy.
"Sur le quinquennat, je considère que, pour relancer dans de bonnes conditions l'intégration, il faut diviser par deux le nombre de gens que nous accueillons, c'est-à-dire passer de 180.000 (étrangers par an, ndlr) aux alentours de 100.000", a expliqué le président qui brigue un second mandat. Son ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait auparavant fixé un objectif de 150.000.
Plus de sévérité pour la délivrance des visas
Nicolas Sarkozy a confirmé vouloir soumettre à des conditions plus difficiles de revenus et de logement le regroupement familial et la délivrance des visas d'installation aux étrangers mariés à des ressortissants français. Ces conditions sont déjà appliquées au regroupement familial, ce qui a conduit à réduire de 25.000 à 15.000 personnes par an le nombre d'immigrés pouvant venir résider en France par cette procédure. Concernant les candidats au mariage, cela concernerait environ 50.000 personnes par an.
Le candidat de l’UMP propose également de soumettre les candidats au mariage et au regroupement familial à un examen sur la pratique du français et la connaissance des valeurs de la République. Cet examen, qui serait effectué dans les consulats de France, ne serait pas appliqué aux enfants de moins de 16 ans.
Le nombre de conjoints étrangers de Français obtenant un visa n'a cessé d'augmenter durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy et a atteint 36.669 en 2010, soit une hausse de 61% depuis 2006 due à l'augmentation des mariages mixtes, selon le dernier rapport au parlement sur l'immigration. En 2011, selon l'Intérieur, 22.000 personnes ont obtenu leur naturalisation par mariage.
Sabrer les droits sociaux des immigrés
Nicolas Sarkozy, qui s'est défendu mardi d'effectuer "un virage à l'extrême droite", a par ailleurs dit vouloir régulariser les immigrés illégaux "pour cas humanitaire" plutôt que de parler de régularisation au cas par cas.
"Le RSA, il y a 165.000 étrangers qui en bénéficient, et pour le minimum vieillesse 20.000 étrangers qui en bénéficient. Nous allons mettre pour les deux des conditions de présence sur le territoire et d'activité", a assuré le président-candidat.
Concrètement, "pourront bénéficier du Revenu de Solidarité active et du minimum vieillesse les immigrés qui auront résidé 10 ans en France et travaillé 5 ans".
Santé : pas de changement
En revanche, Nicolas Sarkozy n'entend pas supprimer l'Aide Médicale d'Etat (AME) accordée aux étrangers en situation irrégulière, une suppression pourtant revendiquée par l'aile la plus à droite de l'UMP. De même, il a assuré que rien ne serait changé concernant le droit des étrangers à bénéficier de la couverture maladie universelle (CMU).
"La tradition de la France, c'est de soigner quelle que soit la nationalité", a expliqué le président-candidat. "Un étranger qui arrive en France, au bout de trois mois a le droit d'être soigné, c'est l'honneur de la France", a ajouté Nicolas Sarkozy, qui a dit ne pas partager sur ce point l'avis de la candidate du Front national, Marine Le Pen, qui veut mettre fin à cette situation.