Nicolas Sarkozy a menacé, dimanche, de sortir la France de l'espace européen sans frontières Schengen s'il n'obtenait pas une réforme de fond de ce système. "Il faut une discipline commune dans les contrôles aux frontières comme il y a une discipline commune en matière de finances publiques dans la zone euro", a-t-il prévenu lors du meeting de Villepinte.
"Si dans les 12 mois qui viennent, il n'y avait aucun progrès sérieux dans cette direction, alors la France suspendrait sa participation aux accords de Schengen", a même menacé le président-candidat. Une sortie qui a plus qu’irrité au sein de l’Union européenne, d’autant que cette réforme est déjà en cours et que la France ne s’est pas illustrée par son activisme dans ce domaine.
Une réforme déjà en cours à Bruxelles
Cette réforme est menée sans bruit au niveau européen après avoir été engagée à la demande de plusieurs pays, notamment la France, au printemps 2011 en raison de l'afflux de clandestins à l'occasion du Printemps arabe, en particulier des Tunisiens qui venaient en France via l'Italie.
La principale réforme à l'étude prévoit qu'à l'avenir, et en dernier recours, les pays Schengen pourront rétablir temporairement leurs contrôles aux frontières d'un autre Etat Schengen en cas d'afflux d'immigrés clandestins massif et incontrôlé. Et si le pays en question ne parvient pas à faire face.
La France a raté la dernière table ronde
Les déclarations du candidat Sarkozy sont donc en contradiction avec ce que le président Sarkozy discute depuis des mois avec ses partenaires européens. "Ce dont parle Monsieur Sarkozy est en fait ce que nous négocions depuis plusieurs mois", a confirmé un diplomate européen depuis Bruxelles.
L’Union européenne est d’autant plus étonnée que si ces textes n’ont toujours pas été adoptés, c’est précisément parce que la France freine : elle veut pouvoir rétablir les contrôles aux frontières sans que l’Europe ne s’en mêle. A Bruxelles, on s’est donc étranglé en entendant Nicolas Sarkozy exiger plus d’Europe.
Les Européens se font enfin un plaisir de souligner un autre paradoxe du président-candidat : les ministres de l’Intérieur de l’espace Schengen ont parlé de ce dossier pas plus tard que jeudi dernier. Problème : selon les informations d’Europe 1, le siège du ministre français est resté vide, Claude Guéant ne s’était pas déplacé.