Le premier ministre israélien Ehud Olmert et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, se serrant la main autour de George Bush, c'est l'image de ce sommet d'Annapolis, dans le Maryland. Une note d'optimisme même si la marche vers la paix ne fait que commencer. Ou re-commencer. Palestiniens et Israéliens sont parvenus à l'issue de leur rencontre à se mettre d'accord sur un texte préliminaire commun. Des rencontres sont encore prévues ce mercredi. Cet accord, arraché à la dernière minute, définit le cadre des futures négociations et un calendrier jusqu'à la fin de l'année 2009 en vue d'un règlement définitif du conflit. Objectif : créer un Etat palestinien au côté de l'Etat israélien. Israéliens et Palestiniens ont convenu de faire "tous les efforts possibles pour parvenir à un accord avant la fin de 2008", a précisé le président américain, avant d'affirmer qu'il s'agissait d'une "chance historique" pour la paix.
"La tâche commencée ici à Annapolis sera difficile. Ceci n'est que le début du processus, pas son terme, et beaucoup de travail reste à accomplir", a ajouté George Bush, dont le mandat à la tête des Etats-Unis s'achève en janvier 2009. "Cependant, les parties peuvent avoir confiance au moment d'aborder cette tâche. C'est le bon moment. La cause est juste. Et je sais qu'au prix de durs efforts, elles peuvent réussir", a-t-il dit. Il s'agit, à bientôt un an de la fin de sa présidence, de l'implication la plus forte de George Bush, accusé d'avoir négligé la question pendant sept ans pour se concentrer sur l'Irak.
Israël est prêt à faire un "compromis douloureux, semé de dangers" pour parvenir à faire la paix avec les Palestiniens, a déclaré le Premier ministre israélien. Ehud Olmert a notamment évoqué la possibilité d'un retrait israélien des territoires occupés depuis 1967, mais sans préciser l'ampleur de ce retrait. De son côté, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a estimé que "l'occasion exceptionnelle offerte par les positions du monde arabe musulman et de la communauté internationale, le soutien des opinions publiques palestinienne et israélienne nous poussent à saisir l'occasion de cette conférence qui lance des négociations. Une telle occasion ne se répètera pas".
Mais plusieurs sujets essentiels restent très conflictuels : le statut de Jérusalem, le sort de plus de quatre millions de réfugiés palestiniens dispersés dans le monde, le sort des colonies juives dont les Palestiniens réclament le démantèlement et le partage des ressources en eau. La presse israélienne se montre encore très prudente. "Un nouveau commencement" titre avec optimisme le quotidien Yédiot Aharonot, le plus gros tirage d'Israël alors que, plus prudent, le Maariv (centre droit), préfère "2008 : une année test". Le président iranien s'est montré de son côté beaucoup plus virulent. Mahmoud Ahmadinejad a prédit mercredi qu'"Israël ne durera(it) pas longtemps" pour citiquer le sommet de paix.
Les opposants à la conférence d'Annapolis se sont fait entendre dans le même temps au Proche-Orient, des territoires palestiniens en passant par le Liban et l'Iran, sans oublier les colons. De violentes manifestations ont éclaté, la plus meurtrière faisant un mort et 35 blessés à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. Toutes ces manifestations avaient été interdites lundi soir par l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas. A Gaza, ce sont des dizaines de milliers de manifestants qui ont répondu à l'appel du mouvement islamiste Hamas qui règne en maître sur ce territoire depuis la mi-juin. Brandissant les étendards verts du Hamas et des drapeaux palestiniens, les manifestants s'étaient rassemblés au centre-ville peu avant l'ouverture de la conférence. Le Premier ministre limogé du Hamas, Ismaïl Haniyeh, s'est dit "contre toutes les tentatives de normalisation directe ou indirecte et entre autre la présence, pour la première fois, d'une délégation arabe au côté d'une délégation sioniste à la conférence d'Annapolis".