Royal tente de rassurer les écolos... au risque de contredire Matignon. Contrairement à ce qu'a annoncé Matignon vendredi, le projet de loi sur la transition énergétique reste programmé pour une adoption à l'automne 2014, a assuré Ségolène Royal dimanche. L'annonce de ce report "au printemps 2015" a suscité un tollé auprès des écolos ce week-end. La secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, a dénoncé l'influence de "lobbies" tandis que Nicolas Hulot avait jugé cette décision "inacceptable".
"Le projet de loi va suivre son chemin". A la suite de ces vives réactions, la ministre de l'Ecologie a donc affirmé dimanche que le projet de loi sur la transition énergétique restait programmé pour une adoption à l'automne 2014. "Le projet de loi sur la transition énergétique n'est absolument pas reporté à 2015. Il va suivre son chemin, il sera à l'automne à l'Assemblée, si les commissions parlementaires saisies fin juillet font leur travail", a déclaré la ministre à Arcachon, après avoir précisé qu'il serait présenté en Conseil des ministres le 18 juin et non le 11 comme prévu initialement.
Une réforme (encore) reportée. La loi sur la transition énergétique figure parmi les promesses de campagne du candidat Hollande et elle a servi d'argument pour convaincre les écologistes de rallier la majorité. A l'origine, ce texte, présenté comme l'un des "textes les plus importants du quinquennat", est censé permettre l'évolution vers un système énergétique plus sobre et moins dépendant du pétrole et du nucléaire. Il devait être présentée en juin 2013, au terme d'un vaste débat national qui a débouché sur une série de recommandations. La réforme a depuis été repoussée à plusieurs reprises, mais lors de la conférence environnementale de septembre 2013, François Hollande s'était engagé à ce que la loi soit "conclue d'ici la fin de l'année 2014".
Hulot redoute le "renoncement de trop". L'annonce du report vendredi, contredite depuis, a donc suscité un tollé auprès des écolos. "Cela fait mille jours qu'on l'attend, si elle est reportée à l'année prochaine, ce n'est pas acceptable", a réagi l'écologiste, pourtant nommé envoyé du président François Hollande pour la protection de la planète, dans le Journal du Dimanche. "Il ne faudrait pas qu'il y ait un renoncement de trop", poursuit-il, en avertissant: "Il y a eu un long débat pour la préparer. Si cela débouche sur une souris, plus personne, et moi le premier, ne pourra et ne voudra continuer à participer à ce type de consultations".
EELV accuse les lobbies. La secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, a elle aussi regretté ce report en des termes plus diplomatiques. "Aujourd'hui, est-ce que nous aurons en 2015 une loi qui dise qu'on limite la puissance nucléaire et développe les énergies renouvelables?", s'est interrogé la dirigeante écologiste.
Avant de se montrer plus offensive en pointant du doigt l'influence des lobbies. "Ce qui est certain, c'est que toutes celles et ceux qui ne veulent pas qu'on limite la puissance nucléaire ont intérêt à faire retarder les choses et à dire que c'est un problème d'argent. (...) Je dis qu'il y a des lobbies, y compris des membres du gouvernement, Arnaud Montebourg (ministre de l'Economie, ndlr) très clairement, ce n'est pas une nouveauté".
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