Sous le feu des critiques depuis sa création en 2009, l’Hadopi n’en est plus à un détracteur près. Sauf que cette fois-ci, la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet vient de faire "entrer le loup dans la bergerie". D’après une information du Point, Didier Mathus, député PS, connu pour ses positions anti-Hadopi, vient ainsi d’être nommé membre de la Haute autorité.
Une nomination confirmée par le ministère de la Culture et proposée par le président socialiste du Sénat Jean-Pierre Bel puisque la Hadopi doit en effet renouveler trois des neuf membres de son collège. Le choix du nouveau patron de la Haute assemblée – conséquence du basculement du Sénat à gauche - sonne toutefois comme un pied de nez à l’Hadopi, et au gouvernement.
Mathus conseille Hollande
Didier Mathus, député de Saône-et-Loire, est un opposant de la première heure à l’Hadopi. Celui qui conseille François Hollande sur les questions culturelles liées au numérique, déclarait en effet en 2009 : "ma conviction est qu'elle n'aura que peu d'effets. Déjà parce que le dispositif est tellement colossal, tellement énorme qu'il est loin d'être opérationnel. Une coupure radicale d'Internet n'est pas envisageable en tant que telle, car elle risque de provoquer de très vives réactions", s’inquiétait celui qui va remplacer le sénateur Michel Thiollière.
Dans ces propos tenus devant des étudiants de Sciences-Po Toulouse et rapportés par Le Point, le socialiste pronostiquait déjà "un bazar noir".
Pour une abrogation de la loi
La nomination de Didier Mathus intervient alors qu'il a annoncé qu'il ne se présentera pas aux prochaines élections législatives. Joint par Libération, le socialiste s’est dit "pas au courant", précisant avoir encore récemment "prôné dans une note de campagne à [François] Hollande l’abrogation de la loi" qui a donné naissance à l’autorité.
L’Hadopi continue ainsi de faire couler de l’encre en 2012 après un nouveau couac révélé en début de semaine. En effet, depuis le 24 décembre 2011, l'Hadopi n'existe plus administrativement en raison d'un nombre insuffisant de membres imposé par la loi, suite à la fin de certains mandats qui n'ont pas été renouvelés. Ce devrait être chose faite dès le 17 janvier, avec le décret de nomination des nouveaux membres.