Utilisés durant la grossesse, la prise de paracétamol, d’aspirine et d’ibuprofène peut s'avérer dangereuse pour le bébé. C'est en tout cas ce que révèle une étude, publiée lundi dans la revue européenne Human reproduction.
Antalgiques = problèmes d'infertilité
Alors que depuis une cinquantaine d'années l'infertilité masculine est en hausse, des chercheurs danois ont établi que les femmes enceintes prenant des antalgiques font courir des risques accrus de cryptorchidie à leur enfant. La cryptorchidie est une mauvaise descente des testicules qui peut entraîner un facteur d'infertilité, voire de cancer du testicule à l'âge adulte. Le risque est renforcé si les futures mamans prennent plusieurs types d'antalgiques à la fois, notamment au cours du deuxième trimestre de grossesse.
834 femmes enceintes danoises ont participé à cette étude. Le Danemark n’a pas été choisi au hasard : c’est le pays où l'es femmes enceintes utilisent le plus d'antalgiques légers qu'ailleurs. Et c'est là, également, où la cryptorchidie atteint un record, avec 8,5% de cas en 1997-2001. En Europe et aux Etats-Unis, plus d'une femme enceinte sur deux prend des antalgiques légers, le plus souvent du paracétamol.
Trois études convergentes
Dans le cadre des recherches, les futures mamans danoises ont été interrogées sur leur consommation d'antalgiques et leur bébé mâle a été examiné à la naissance. L'étude a montré que pris individuellement, l'ibuprofène et l'aspirine quadruplent le risque de cryptorchidie, le paracétamol montrant une tendance similaire mais non significative. Utiliser plus d'un antalgique multiplie encore le risque, et davantage si on les prend simultanément pendant plus de deux semaines.
Par ailleurs, cette étude a été complétée par les travaux de chercheurs français conduits par le docteur Bernard Jegou de l'Inserm. En étudiant des rats, ils ont constaté que les antalgiques légers entraînaient une production insuffisante de testostérone pendant la période cruciale de la gestation, quand les organes sexuels mâles se forment.
Enfin, une autre étude danoise a donné des résultats convergents. Publiée dans la revue Epidemiology, elle portait sur des garçons nés entre 1996 et 2002, dont 980 souffraient de cryptorchidie. Elle a mis en exergue une augmentation du risque après une prise de paracétamol pendant plus de quatre semaines durant le deuxième trimestre de la grossesse.