Nelson Mandela, maillot des Springboks sur le dos, remettant la Coupe du monde de rugby 1995 au capitaine de la sélection sud-africaine, François Pienaar. L'image a marqué l'histoire de l'Afrique du Sud post-Apartheïd. Mais, derrière le symbole politique et sociétal, la réalité de l'époque était peut-être moins idyllique. Il y a eu les rumeurs autour d'une intoxication alimentaire dont auraient été victimes les joueurs néo-zélandais. Et, aujourd'hui, presque vingt ans après, c'est la santé des Springboks qui pose question. Une équipe de l'émission "Stade 2", sur France 2, est allée à la rencontre du demi de mêlée sud-africain de l'époque (l'intégralité du reportage est à voir ici) : Joost van der Westhuizen (ici en finale face aux Blacks, photo), atteint d'une affection neurodégénérative, la maladie de Charcot. Le virevoltant n°9 de l'époque est aujourd'hui cloué dans un fauteuil roulant. "Je ne connais pas la cause (de la maladie, ndlr), personne ne la connaît", affirme le joueur, dont l'élocution est rendue très difficile par sa pathologie.
France 2 soulève des questions sur la victoire des Boks :
Une culture du dopage ? Un autre international sud-africain (jusqu'en 1994), Tinus Linee, souffre de la même maladie tandis qu'André Venter, international à partir de 1996, est lui victime de myélite transverse, une maladie "qui touche une personne sur un million", précise le reportage de France 2. Trois hypothèses sont évoquées pour expliquer cette récurrence : la répétition des chocs - qui cause également de nombreux dégâts dans le football américain - les pesticides dispersés sur les pelouses et le dopage. "Ce qui m'a marqué, c'est que beaucoup des gens qu'on a interviewés disent 'Il n'y a aucune culture de dopage dans le rugby sud-africain'. Mais quand on éteignait la caméra, c'était 'Chez nous, ça commence dès les jeunes', 'Quand on était chez les Springboks ou dans les provinces, on prenait tel produit'... Les langues se déliaient, à part pour Pienaar et Wiese qui ont un discours formaté", raconte l'auteur du reportage, Nicolas Geay.
Absorption de pilules. Pienaar est l'homme de la photo avec Mandela. Le capitaine emblématique des Boks a raconté dans son autobiographie la prise systématique de pilules. "On était des amateurs, on s'entraînait dur. Il n'y avait rien d'illégal. C'étaient des vitamines mais plus tard, elles ont été interdites, alors on a tout arrêté", explique-t-il devant la caméra de France 2. Ces pilules, quelles étaient-elles ? "Quand François parle de pilules, ce n'est rien de plus que des vitamines B12", précise l'ancien deuxième ligne Kobus Wiese. On restait dans les limites, on prenait des piqûres de B12, des trucs pour les blessures (...) Ça ne pouvait pas être autre chose, je n'ai jamais été contrôlé positif." Or, au début des années 1990, les cures de B12 ont souvent accompagné la prise d'érythropoïétine (EPO), indécelable à l'époque, pour en accentuer les effets... Aucune preuve scientifique n'a à ce jour mis en lumière un lien de cause à effet entre le dopage et les maladies qui touchent les rugbymen sud-africains des années 1990. Le journaliste de France 2 reconnaît : "on n'a pas de réponse, on veut ouvrir le débat".
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