Trente-deux équipes sur la ligne de départ. Une seule à l'arrivée. Mais laquelle ? À quelques heures du début de la Coupe du monde en Russie, cette question taraude les amateurs de football et excite les pronostiqueurs de tous poils. Europe 1.fr passe en revue les principaux favoris de la compétition.
Le Brésil, l'Allemagne et l'Espagne : un trio au-dessus du lot. Quintuple champion du monde, le Brésil n'a plus été sacré depuis 2002. Quart de finaliste malheureux en 2006 puis en 2010, la Seleçao a bu le calice jusqu'à la lie, à domicile, en 2014, en étant humilié 7-1 par l'Allemagne en demi-finales. Depuis, le "pays du football" est en mission pour retrouver son honneur. Le tournoi olympique remporté à domicile en 2016 a pansé un peu la plaie. Mais la guérison totale ne pourra intervenir qu'avec une sixième étoile.
Pour aller la décrocher, le Brésil comptera évidemment sur sa star Neymar, qui avait porté son équipe à bout de bras en 2014 avant d'être touché au dos. Le n°10 du PSG est évidemment la pièce centrale d'une sélection qui a survolé les éliminatoires de la zone Amsud, avec douze victoires en 18 matches. Le nouveau sélectionneur, Tite, a ajouté de la rigueur défensive au milieu (avec notamment le Madrilène Casemiro) au talent offensif, incarné par Neymar mais aussi par le Mancunien Gabriel Jesus ou le Barcelonais Philippe Coutinho.
Le bourreau du Brésil en 2014, l'Allemagne, a une tout autre mission en Russie : celle de réaliser le doublé. Championne du monde il y a quatre ans face à l'Argentine (1-0 a.p.), la Mannschaft, n°1 au classement Fifa, n'a pas vraiment baissé de pied depuis. Certes, elle a été éliminée de l'Euro en demi-finales par la France (après avoir avoir copieusement dominé la première période), mais elle a ensuite survolé les éliminatoires (dix matches, dix victoires). Une cohérence collective, des talents individuels, de la rigueur, bien sûr, et un capitaine de route, Joachim Löw, qui sait où il va et comment y aller, l'Allemagne sera là, c'est sûr.
Troisième larron des ultra-favoris, l'Espagne. Certes, la Roja n'a pas brillé lors des deux dernières grandes compétitions (élimination au premier tour du Mondial 2014, en huitièmes de finale de l'Euro), mais elle a repris le fil de son jeu sous la houlette de Julen Lopetegui (voir le 6-1 infligé à l'Argentine en amical en mars dernier). Reste à voir maintenant dans quelles proportions le licenciement du technicien espagnol, à quelques heures seulement du début de la compétition, peut influencer le rendement de cette équipe, désormais menée par Fernando Hierro.
Pour Goldman Sachs, c'est le Brésil qui a le plus de chances d'être titré…
Our economists created a machine-learning model to predict the #WorldCup winner. Does your prediction match ours? https://t.co/Cgj06hSfEKpic.twitter.com/lRnOoEsVyH
— Goldman Sachs (@GoldmanSachs) June 11, 2018
La France : en embuscade. Le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, a fait du dernier carré l'objectif des Bleus en Russie, 20 ans après la victoire lors de Coupe du monde organisée à domicile en 1998. Cet objectif des demies correspond à la réalité. Si elle apparaît un cran en-dessous des nations sus-citées, l'équipe de France, la plus "chère" du Mondial selon une étude de l'Observatoire du football CIES, peut nourrir de légitimes ambitions en Russie. Le finaliste du dernier Euro a tout, ou presque : une charnière centrale Varane-Umtiti mi-Real mi-Barça (comme l'Espagne), une ribambelle de milieux de terrain de classe mondiale (Pogba, Kanté, Tolisso, Matuidi, Lemar, Fekir…), un leader d'attaque au somment de son art (Griezmann) et une jeune pépite qui doit faire pas mal d'envieux (Mbappé). Si avec tout ça, on n'est pas ambitieux, c'est à désespérer.
L'Uruguay et la Colombie : les "autres" Sud-Américains. Comme l'Europe, le continent sud-américain a plus d'un atout dans sa manche. Demi-finaliste en 2010, l'Uruguay paraît une fois de plus armé pour aller loin. Les arguments : une défense centrale 100% Atlético de Madrid, avec le capitaine Diego Godin, un milieu de terrain accrocheur, avec l'ancien Parisien Cristian Rodriguez et un hydre à deux têtes en attaque, Luis Suarez-Edinson Cavani (meilleur buteur des qualifications en Amsud). Comme l'Uruguay, la Colombie présente un duo d'exception devant, avec James Rodriguez et Radamel Falcao. Mais la récente victoire au Stade de France, face aux Bleus, en match amical (3-2), a montré que les "Cafeteros" avaient des arguments collectifs à faire valoir.
OptaJean a sa petite idée aussi sur les favoris…
13.2% - Selon notre World Cup Predictor, le Brésil est l'équipe qui a le plus de chances de remporter la Coupe du Monde 2018 (13.2%), devant l'Allemagne (10.7%). Probabilité. pic.twitter.com/d8ov79PjiA
— OptaJean (@OptaJean) June 12, 2018
L'Argentine et le Portugal : Messi, Ronaldo et les autres. Finaliste sortante, l'Argentine n'apparaît pas dans le haut du panier des favoris. Et pour cause, l'Albiceleste a connu une campagne de qualifications chaotique, ne devant son billet pour la Russie qu'à un dernier succès en Équateur (3-1), avec un triplé de Lionel Messi, évidemment. Les talents ont beau s'accumuler (Dybala, Higuain, Agüero, Di Maria, Pastore, Lo Celso…), la sélection de Jorge Sampaoli semble dépendante du rendement de "son" Messi, sacré meilleur joueur du dernier Mondial, à la surprise générale, après un mois en demi-teinte.
La problématique est quasiment la même pour le Portugal avec Cristiano Ronaldo. Sauf que "CR7" n'est pas aussi bien entouré. Cela n'a pas empêché le Portugal d'être sacré champion d'Europe il y a deux ans, en France, quand l'Argentine attend un premier grand titre depuis 1993. Malgré une défaite inaugurale face à la Suisse lors des qualifications pour ce Mondial, le Portugal a fini en tête de son groupe, avec 15 buts pour le seul Ronaldo, bien moins inspiré en phase finale du Mondial jusque-là (3 buts en 13 matches). Si Messi ou Ronaldo, cinq Ballon d'Or au compteur chacun, veulent marquer l'histoire de la Coupe du monde, c'est maintenant ou jamais.
La Belgique, la Croatie et l'Angleterre : les Européens qu'on attend toujours. Si l'élimination en quarts de finale du Mondial 2014, face à l'Argentine (1-0), avait quelque chose d'honorable, celle subie il y a deux ans face au pays de Galles (3-1) à l'Euro a laissé des traces et coûté son poste à Marc Wilmots. Son successeur, l'Espagnol Roberto Martinez, a remis les Diables rouges d'équerre (9 victoires en 10 matches en qualifications, 43 buts marqués pour seulement 6 encaissés), mais il reste encore un léger doute sur la capacité de tous ces grands talents (Hazard, Mertens, De Bruyne, Witsel) à gagner ensemble.
La problématique est un peu la même du côté de la Croatie. Enthousiasmante lors du premier tour de l'Euro, la bande à Luka Modric s'était ensuite liquéfiée en huitièmes de finale, face au Portugal (1-0 a.p.). En Russie, elle entend marcher sur les traces de sa glorieuse devancière, demi-finaliste en 1998. Enfin, l'Angleterre, elle, vit toujours dans l'espoir de gagner à nouveau un grand titre, après 1966. Piteusement éliminée par l'Islande en huitièmes de finale de l'Euro (2-1), l'équipe aux Trois Lions espère un rebond, dans la foulée de son attaquant star Harry Kane. Belgique, Croatie, Angleterre, on les attend toujours. Et leur jour (re)viendra peut-être.