Fils de Georges et Claude Pompidou, Alain Pompidou n'a appris qu'à l'âge de 35 ans qu'il n'était pas leur enfant naturel. Dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, le professeur en biologie médicale a également raconté comment il avait face à un autre secret familial, la maladie mortelle de son père.
"Ils ont imprégné sur moi leur culture". C'est par hasard, grâce à un chauffeur de taxi, qu'Alain Pompidou découvre qu'il n'est pas l'enfant biologique des Pompidou et que ses parents avaient tout fait pour le lui cacher. "Dans les années 1940, c’était considéré comme infamant de ne pas avoir d’enfant. Ma mère en souffrait énormément et mon père en souffrait également. Il voulait la protéger et ils ont décidé finalement d'adopter un enfant. Bien sûr qu’ils en ont parlé à leurs amis mais ce qui s’est passé, c’est que le couple Pompidou était un couple fusionnel, alors quand je suis arrivé dans cette famille à l’âge de trois mois, tout le monde était heureux de me voir. Ils ont imprégné sur moi leur culture." C'est ainsi que l'enfant écume les musées à 2 ans, en poussette, ou que Georges Pompidou lui récite L’Odyssée d'Homère quand il n'avait encore que 4 ans.
"Tout le monde le savait, personne ne le disait". Malgré le fait que tout Paris savait, la réaction d'Alain Pompidou a été plus compréhensive qu'éruptive. " C’est comme les gens qui sont trompés. C’est celui qui est trompé qui est le dernier informé. Tout le monde le savait mais personne ne le disait. Il y avait une espèce d’omerta par respect, premièrement de Claude et Georges Pompidou et deuxièmement, par rapport à leur acte de générosité puisque pour ma mère, c’était infamant de ne pas pu avoir d’enfant."
Pour en avoir confirmation, Alain Pompidou se renseigne auprès de la sœur de sa mère car il n'ose pas aborder le sujet directement avec elle. "Je leur devais au moins ce respect puisque je leur devais tout. J’aurais pu tomber plus mal (...) Dans ces cas-là, on retourne un peu sur soi-même, je me suis dit que si je recherchais mes origines biologiques, je retrouverais ma mère mais jamais mon père. En plus dans les années 1940-45, les registres n’étaient pas forcément très bien tenus. (…) J’étais déjà marié, père de trois enfants, je n’allais pas me mettre dans des complications personnelles", explique celui qui est devenu un professeur de biologie renommé.
"Ce n'est pas moi qui ai décidé". C'est d'ailleurs sa profession qui l'a plongé dans un deuxième secret : celui de garder pour lui les résultats médicaux de Georges Pompidou, atteint par la maladie rare de Waldenström. Déjà médecin au moment où s'est déclarée la maladie, il est informé des examens de son père et de leurs résultats. Mais c'est à son tour de ne rien dire, ni à son père ni à sa mère. "Ce n’est pas moi qui ai décidé. Georges Pompidou avait un médecin personnel et un spécialiste des maladies du sang, le professeur Jean Bernard. Lorsqu’il y a eu les premiers signes, les professeurs se sont réunis, ont considéré que c’était une maladie rare dont on ne connaissait pas l’évolution, pas la cause et qu’il n’y avait pas de traitement spécifique" à l'époque. Les médecins convoquent Alain Pompidou et lui font comprendre qu'en l'état de connaissance de la maladie, ils pensent que le président tentera de se faire soigner ailleurs sans certitude sur les conditions de soins. Ils lui demandent alors de garder le secret. C'est néanmoins Alain Pompidou qui avait la tâche de rassurer son père. "J’ai réussi à l’accompagner et à le réconforter jusqu'au dernier moment."