Art brut. C’est un artiste venu d’ailleurs. A 83 ans, André Robillard vit dans un hôpital psychiatrique, près d'Orléans, depuis plus de 70 ans. Reconnu et adoubé par Jean Dubuffet, le célèbre théoricien de l'art brut, il va exposer ses œuvres en Suisse jusqu’au mois d’avril prochain, au théâtre Vidy de Lausanne. Rencontre avec un artiste étonnant.
Une caverne d'Ali Baba. L'"atelier" d’André Robillard se trouve dans l'enceinte de l'hôpital Georges Daumezon à Fleury-les-Aubrais, dans le Loiret. On entre alors chez lui comme dans un musée, d’un genre très particulier. Il s’agit d’un logement-atelier exigu, spartiate, entre caverne d'Ali Baba et cour des miracles.
Dans l'atelier d'André Robillard :
Plus un espace de libre chez cet homme plein de vie d’1,60 m qui accueille ses visiteurs en survêtement et en bottes au milieu des masques, des peluches et des perruches. Au mur, les posters de ses personnalités préférées : l’abbé Pierre, Raymond Poulidor, Bernard Hinault ou Zinédine Zidane.
André Robillard, un artiste étonnant :
Une rencontre décisive. Chez André Robillard, c'est en effet comme si le temps s'était figé. Enfant colérique et violent, il a été interné à l'âge de 9 ans. Il a connu les camisoles puis, de malade interné, est devenu employé de l'hôpital dans les jardins, les cuisines ou la station d'épuration. En 1964, André Robillard a eu sa révélation artistique avec une rencontre décisive. "J’ai eu la chance, de rencontrer Paul Renard", explique-t-il. "Il a découvert mes deux fusils et les a amenés à Jean Dubuffet". Le collectionneur d’art brut, cet art réalisé par des personnes souvent marginales, sans formation et culture artistiques, est ébloui par ces fusils pacifistes. Fabriqués avec toutes sortes d'objets de récupération : boîtes de sardine, ampoules usagées, pièges à rat, ils ont vocation à "tuer la misère", comme le dit André Robillard.
Il parle le martien. Sculpteur, dessinateur, André Robillard se produit même sur scène dans un spectacle intitulé "Changer la vie". Avec son complice Alexis Forestier, il invente des langues, joue de l’harmonica et parle même en martien. Un homme d’une autre planète, on vous dit.