Le fauteuil n°5 de l'Académie française. L'écrivain Andreï Makine vient d'être élu au fauteuil numéro cinq de l'Académie française. Il succède ainsi à la romancière algérienne Assia Djebar. Invité de Caroline Roux vendredi matin sur Europe 1, le romancier d'origine russe a exprimé tout son bonheur, "c'est une immense joie et un immense honneur, sincèrement. Et je ne suis pas du tout hypocrite en disant ça car j’ai cet espèce d’écart qui me permet de juger ce qu'il m’arrive. Je suis très peu introduit dans les milieux intellectuels parisiens mais venant de Sibérie, me retrouver sous la Coupole, le dépaysement est énorme".
"Le français compte beaucoup en Russie". Andreï Makine a reçu tous les prix littéraires les plus prestigieux : le Goncourt, le Goncourt des lycéens, le prix Eeva Joenpelto pour Le Testament français ou encore le prix Medicis. Des romans tous écrits en français par cet écrivain sibérien. "Je suis traduit dans une quarantaine de pays donc je me déplace souvent à l’étranger et quand je me déplace, j’explique pourquoi j’ai choisi cette langue, le français. Cette langue compte partout et compte beaucoup en Russie. On a tendance à dire qu’on est un tout petit pays, mais pas du tout, intellectuellement le pays compte beaucoup dans le monde", explique-t-il.
Une bataille pour la nationalité. Sa nouvelle élection à l'Académie française est une consécration pour ce romancier longtemps boudé par les éditeurs et qui a dû batailler pour obtenir la nationalité française. Andreï Makine a également eu, au départ, beaucoup de mal à être publié mais il l’assure, “je ne me plains pas car, quand on est fidèle à ses convictions et qu’on veut faire de la belle et de la grande littérature, on doit rencontrer des difficultés. On parle souvent de Verlaine. Vous connaissez le nombre d’exemplaires tirés de son dernier recueil de poèmes ? Huit exemplaires !", s'amuse-t-il.
Celui qui ne se définit ni comme "un écrivain russe d’expression française ni comme un écrivain français d’origine russe" aime la France, où il est arrivé en 1987. "J’aime la capacité de rebondir de la France. Vous êtes tout à fait préparés à toucher le fond, on le sent. Mais il y aura un rebond très fort, on le sent chez les jeunes et les journalistes. Alors oui, il y a le politiquement correct mais les gens se lèvent et disent leurs quatre vérités et ça c'est le destin de la France, c'est magnifique !", a-t-il expliqué.