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Tiffany Fillon
À l’occasion de la diffusion du documentaire "Daria Marx : ma vie en gros", mardi soir sur France 2, la militante Daria Marx a expliqué au micro de Philippe Vandel, sur Europe 1, ce qu'implique l'obésité au quotidien. À l'école, dans les médias ou dans la rue, elle raconte plusieurs situations et anecdotes qui montrent à quel point la grossophobie est banalisée dans la société.

Habituellement, c'est par le biais de son collectif anti-grossophobie Gras Politique qu'elle lutte contre les discriminations envers les gros. Cette fois-ci, c'est par le biais d'un documentaire que la militante Daria Marx, 38 ans, décrit ces violences quotidiennes. Intitulé Daria Marx : ma vie en gros, le documentaire sera diffusé mardi soir à 22h40 sur France 2. Quelques heures avant sa diffusion, la militante Daria Marx a expliqué, mardi, dans Culture médias, comment la grossophobie bouleverse le quotidien des victimes.

"J'en ai marre qu'on me dise que je suis ronde ou voluptueuse parce que ça ne veut rien dire. Moi j'ai des formes voluptueuses et je suis grosse. Il faut tout dire dans la vie". Daria Marx fait du 56 et elle l'assume. Derrière cette confiance en elle apparente, se cache pourtant un parcours jalonné de moqueries et rejets. Et son cas n'est pas isolé. Dans Daria Marx : ma vie de gros, elle fait intervenir des jeunes femmes qui subissent elles aussi ces discriminations. 

Invisibles à la télévision

Si Daria Marx a choisi de réaliser ce documentaire, c'est notamment pour lutter contre l’invisibilité des gros sur le petit écran, qui, selon elle, témoigne d'une "réelle volonté des médias". "Le seul moment où l'on voit les gros, c'est pour dire que Marie-Josiane doit perdre 150 kilos pour se marier", illustre-t-elle. Autre cas de figure bien visible à la télévision, selon Daria Marx : "Les gens qui font des chirurgies bariatriques", opérations qui consistent à réduire l’absorption des aliments. Le but de ce documentaire est donc d'inverser la tendance pour montrer "des gros dans leur état naturel".

Des enfants stigmatisés à l'école 

Comme le raconte Daria Marx, certaines situations traumatisantes, le harcèlement à l'école ou l'inceste, par exemple, peuvent pousser à prendre beaucoup de poids. Et, une fois l'obésité installée, difficile de s'épanouir en tant qu'enfant. "J'avais un prof d'EPS au collège, quand on faisait de l'endurance, il nous faisait courir autour d'un stade. Il demandait à toute la classe de faire quatre tours. Je courrais plus lentement que les autres mais je faisais mes quatre tours", se souvient Daria Marx, dans un extrait du documentaire diffusé dans Culture médias.

"Quand j'avais fini, il disait : 'Alors maintenant, devant toute la classe, Daria, tu vas nous faire deux tours de plus parce que tu en as bien besoin'. Je faisais deux tours toute seule dans une espèce de silence horrible. Toute la classe me regardait, moi, la grosse, en train de faire mes deux tours supplémentaires. C'était horrible."

La rue ou le harcèlement à ciel ouvert 

Lorsque les gros sortent dans la rue, ils sont des cibles mouvantes pour les autres. "Une fois, avec Eva (l'une des filles interrogées dans le documentaire Ndlr), on passe dans la rue devant trois petites vieilles. On les entend dire : 'Ohlala qu'est ce qu'elles sont grosses ! À ton avis, elles pèsent combien ?'", raconte une amie de Daria Marx dans le documentaire. Autre situation anodine, sur le trottoir, en attendant le VTC. "On était toutes les trois, une voiture passe et s'arrête à notre niveau. Le conducteur baisse la vitre et crie 'Eh BBW !' C'est la catégorie de porn pour les personnes grosses : Big Beautiful Women", décrit une autre jeune femme. 

Si dans le film, ces amies rient de ces situations, Daria Marx tient à nuancer au micro de Philippe Vandel. "Ce sont des micro-agressions toute la journée. Il n'y a pas une journée où je me fasse pas insulter de grosse vache par un automobiliste. Je suis grosse depuis trente ans donc j'ai appris à faire passer ces moqueries au dessus de ma tête", affirme-t-elle. 

Au lit aussi, la grossophobie fait son nid

Les espaces publics ne sont pas les seuls lieux où s'exprime la grossophobie. Daria Maria raconte que ses partenaires sexuels n'assument pas son corps. Dans le documentaire, elle parle de ces "hommes mariés avec qui je suis sortie, avec qui j'ai couché et qui sortaient avec des filles hyper normées et minces". "Ils n'assumaient tellement pas leur désir d'être au bras d'une femme grosse qu'ils se mariaient avec une femme toute mince et qu'ils la trompaient avec une grosse", explique Daria Marx, dans un extrait diffusé sur Europe 1.

Le corps médical pointé du doigt 

Les médecins et pharmaciens ont même parfois du mal à imaginer qu'une femme grosse puisse avoir une sexualité. "On reçoit beaucoup de témoignages et de gens, dans l'association, qui disent qu'ils se font refuser la pilule du lendemain à la pharmacie. On leur dit : 'Mais enfin, vous n'avez pas de sexualité. Comme c'est bizarre'", précise Daria Marx. Certaines femmes doivent également "supplier leur médecin pour avoir une contraception".

Les gros peu épargnés au travail

"Au travail, le problème, c'est que les employeurs ont les mêmes biais grossophobes que le reste de la société", dénonce enfin Daria Marx. "Quand des employeurs nous reçoivent en entretien, ils s'imaginent qu'on va être plus fragiles physiquement alors que ce n'est pas vrai."