Bernard Lavilliers a choisi un chiffre pour son nouvel album : 5 minutes au paradis, son 21e album studio. En poussant du côté des nombres, on lui découvre presque 71 ans, dont 50 de carrière. Le chanteur qui n'a perdu ni voix ni mordant était l'invité d'Europe 1 mercredi, pour présenter son album et chanter en live.
"Poètes". S'il manie les chiffres, ce sont une nouvelle fois les mots qui expriment le mieux ses pensées engagées. Son nouvel opus est parsemé de références aux poètes : Apollinaire, Neruda, Soutine, Verlaine... "Les poètes, je crois que les gens aiment bien ça. Quand je leur dis des poèmes au milieu des concerts de rock, ils écoutent. Ça fait 30 ans que ça dure. Je pense que les gens aiment la poésie sauf qu'ils sont un peu flemmards pour les lire", lance le chanteur qui ne se voit pas poète mais trouve des qualités aux "chansons poétiques".
"Assassins". C'est aussi la gravité qui infuse cet album. Comme dans la chanson Vendredi 13 pour laquelle il a pris la guitare un an après les attentats de novembre 2015. "Je n'étais pas là, j'étais au Brésil. Il faut du temps, je n'avais pas envie de faire dans le pathos ni dans la tragédie. J'avais juste envie de raconter cette histoire et de rapprocher ces gens-là des gens de Gibet de Montfaucon, de l'Inquisition, des assassins de la Commune, de Vichy. Ce sont des assassins", martèle-t-il.
Engagé. Du même ton sans appel, il affiche Lakshmi Mittal, l'homme d'affaires président d'ArcelorMittal. C'est à lui qu'il a pensé, dit-il en écrivant les paroles de Fer et défaire. C'est la même colère sociale qu'il exprime dans Bon pour la casse, en décrivant le sort d'un de ses amis licencié en une demi-heure. C'est encore le poids des nombres qu'il martèle en évoquant sa chanson Croisières Méditerranéennes : "30.000 personnes au fond de la Méditerranée, on imaginait la Grande bleue autrement. Il y a des gens que ça n'empêche pas de partir en croisière Costa."
Regardez Bernard Lavilliers interpréter "L'Espoir" en live :