Anaïs Demoustier,  Katell Quillévéré et Vincent Lacoste à Cannes le 21 mai 2023 (Illustration). 1:15
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Marie Gicquel et AFP// Crédits photo : Daniele Cifalà / NurPhoto / NurPhoto via AFP
"Le temps d'aimer" de Katell Quillévéré présente à Cannes une somptueuse fresque historico-sentimentale en racontant la rencontre entre Madeleine (Anaïs Demoustier), serveuse dans un hôtel-restaurant François (Vincent Lacoste), un étudiant riche et cultivé mais mystérieux en 1947.

Deux êtres, deux secrets, unis pour le meilleur et pour le pire: avec "Le temps d'aimer", Katell Quillévéré ("Réparer les vivants", "Suzanne") présente à Cannes une somptueuse fresque historico-sentimentale et pose une question: n'est-il jamais trop tard pour aimer ?

1947. Sur une plage normande, Madeleine (Anaïs Demoustier), serveuse dans un hôtel-restaurant, mère d'un petit garçon, fait la connaissance de François (Vincent Lacoste), un étudiant riche et cultivé mais mystérieux. Le coup de foudre est immédiat.

 

Les deux s'unissent très vite. Pour Madeleine, cette union est une opportunité: oublier les horreurs de la guerre et surtout son amant nazi, avec lequel elle a eu un fils, Daniel. Tondue et chassée de chez elle, Madeleine est une femme meurtrie et blessée. Pour François aussi, l'idée de laisser son passé derrière lui est une perspective alléchante.

"Un rôle complexe"

De cet opportunisme partagé, l'amour naîtra-t-il ? Fruit de plusieurs années de travail, ce film, présenté hors compétition, est inspiré de la vie de la grand-mère de la réalisatrice, qui a eu un enfant à 17 ans avec un soldat de la Wehrmacht.

"C'est une histoire qui est restée secrète pendant très longtemps, confie la cinéaste à l'AFP. Quand la vérité a fini par se savoir, j'ai eu envie de faire ce film, qui n'est pas totalement autobiographique". Avec beaucoup de subtilité, il explore la question de l'amour maternel. 

"Comment aimer un enfant qui vous renvoie à la faute ? Comment montrer la difficulté à aimer ? Il était essentiel pour moi de ne pas représenter la maternité comme un cliché mais dans toute son ambivalence", dit-elle. Là encore, viendra-t-il le temps pour Madeleine d'aimer Daniel ? S'autorisera-t-elle à aimer ?

La tension dramatique se construit dès les premières minutes du film. Les images sont soignées, le rythme aussi. Le spectateur comprend très vite qu'il est face à une fresque romanesque (tout en étant réaliste) parfaitement exécutée où les histoires s'entremêlent, sans jamais s'entrechoquer.

 

Le film prend le temps, sans jamais être long, saute des années pour mieux se concentrer sur d'autres périodes de vie. Sa grande force réside dans ses acteurs: Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste. "Je ne savais pas qu'ils étaient amis dans la vie, ce qui explique beaucoup l'alchimie entre eux", explique la réalisatrice. 

"C'est vrai que c'est un rôle qui est très complexe que je n'avais pas trop eu l'habitude de faire. C'est un rôle ample. C'est vraiment romanesque, il se passe plein de choses. On commence à me proposer pas mal de films sérieux, des vrais drames intenses mais je n'ai pas envie de me détacher de la comédie, j'adore ça !"