Retour en 1978 ! A la sortie de Jazz, les musiciens de Queen sont déjà très loin d'être des novices. Ils ont même déjà d'"énormissimes" hits à leur actif, comme Bohemian Rhapsody, une pépite de 1975, Somebody to love, sorti, lui, en 1976 ou encore deux énormes tubes mondiaux datant de 1977 : We will rock you et We are the champions.
Décomplexé. Ils n'ont plus rien à prouver quand sort ce septième album mais les musiciens continuent d'innover, comme l'ont raconté Emilie Mazoyer et Jean-Philippe Balasse dans Europe 1 Music Club dimanche. Rien que par le nom de l'opus, ils se jouent des codes. Le groupe n'est pas habitué au jazz, et en retour, les puristes du genre musical ne sont pas nécessairement fans de la formation emmenée par Freddie Mercury. Peu importe le hiatus, Queen suit son idée et enregistre pour la première fois hors d'Angleterre. Le groupe opte pour la montagne française et pose ses valises à Montreux et Berres-les-Alpes. Le résultat est totalement décomplexé. Imaginez une chanson sur les vélos : cela semble pour le moins saugrenu et pourtant Bicycle race parle bel et bien de la petite reine et c'est encore un tube.
Filles nues à Wimbledon. Aussi étonnant que celui puisse paraître, le titre a été inspiré par le passage du tour de France à Montreux en 1978 ! A l'époque Freddie Mercury choisit de faire un clip avec des filles nues qui font de la bicyclette dans le stade de Wimbledon. Un clip qui a été interdit ou censuré selon les pays. Encore plus drôle : quand le loueur de vélos a appris ce qui s'était passé sur le tournage, il a demandé à l'équipe de Queen un remboursement pour pouvoir changer les selles des deux-roues. Plus que l'amusement, il faut noter dans le titre le bruit de vrais sonnettes et le son des guitares qui imitent une course.
Petit polémique. Mais cette chanson n'est pas le seul tube. Il y a aussi Fat bottomed girls (littéralement, Les filles aux grosses fesses). Là encore, c'est décomplexé. Freddie Mercury est homosexuel, a plein de copines et célèbre leur corps. L'hommage ne passe pas très bien aux yeux de tous et les détracteurs du groupe se servent de cette chanson pour taxer Queen de sexisme, prenant les femmes pour des objets sexuels. Cette petite polémique n'empêche pas l'album de se classer 7e en France, 2e en Angleterre et se vend à 5 millions d'exemplaires dans le monde.
Des musiciens auteurs. Sur l'opus figurent aussi des titres encore plus étonnants, comme Mustapha, écrit par Freddie Mercury en anglais, en arabe et en perse. Ce mélange vient des origines du chanteur, issu d'une famille iranienne installée à Zanzibar (archipel de Tanzanie). La chanson devient par la suite l'une des préférées des fans lors des tournées. Dreamers ball est une autre chanson remarquable. Écrite par le guitariste Brian May, elle est un hommage à Elvis Presley. Un autre titre, cette fois l'oeuvre du musicien Roger Taylor penche plus vers le dico et le rock : c'est Fun it et fait figure de titre précurseur à Another one bites the dust qui arrivera quelques temps plus tard.
Tournée monstre. Sur Jazz, il y aussi du hard-rock, le genre vers lequel a glissé Queen au fil de ses albums, en même temps que le look de Freddie Mercury est de plus en plus allé vers le cuir et les casquettes. Dans If you can't beat them, écrite par John Deacon figure le solo de guitare le plus long de l'histoire de Queen : deux minutes. Bref sur Jazz, il n'y a donc pas de jazz mais des titres cultes. Don't stop me now en est encore un exemple. La sortie de l'album est suivie à l'époque par une tournée de 80 dates en Amérique, en Europe et en Asie avec sur scène des charmeurs de serpents, des strip-teaseurs, des travestis. C'est aussi sur cette tournée que le groupe enregistre son premier album live qui sort un an plus tard.