Que se passe-t-il dans la tête de policiers ordinaires chargés de raccompagner un clandestin aux frontières, lorsqu'ils comprennent que celui-ci risque la mort en rentrant dans son pays ? Voilà la question que pose Police, le film d'Anne Fontaine qui sort au cinéma mercredi. Soit l'histoire de Virginie, Erik et Aristide, incarnés respectivement par Virginie Efira, Grégory Gadebois et Omar Sy, qui se demandent, alors qu'ils escortent un étranger à l'aéroport, s'il ne faut pas le laisser s'échapper.
"J'ai rencontré un Roland Barthes de la police"
Confiné dans l'espace restreint de l'habitacle d'une voiture, Police n'est pas un thriller classique. "C'est comme un thriller mais émotionnel, mental", résume Anne Fontaine, la réalisatrice, invitée mardi sur Europe 1 au micro de Patrick Cohen. "Il y a une tension parce qu'on se demande si ces policiers vont désobéir, transgresser les règles. On vit à travers leur intimité, leurs difficultés amoureuses, leurs vies affectives. Le prisme est totalement personnalisé."
Pour écrire le film, adapté d'un livre, Anne Fontaine s'est rendu "dans la cafétéria d'un commissariat parisien". "C'est là où beaucoup de policiers et policières viennent prendre un thé, j'ai pu parler avec eux et cela m'a aidée [à travailler] sur la véracité des comportements", raconte-t-elle. Un commissaire, notamment, lui a beaucoup apporté. "J'ai rencontré un Roland Barthes de la police", s'amuse la cinéaste, "très intelligent et philosophe sur son métier". Ce dernier "avait une façon quasiment métaphysique de s'exprimer sur ce qu'était un policier, son rapport à l'existence. Cela m'a aidée d'incarner concrètement cet état au monde très particulier."
"Derrière un uniforme, il y a des personnes"
Pour Anne Fontaine, il fallait aller plus loin que les idées reçues sur les forces de l'ordre pour réussir Police. "Derrière un uniforme, il y a des personnes. On a souvent le sentiment que l'uniforme uniformise le comportement. C'est intriguant, cela m'a beaucoup aidée connaître [des policiers] de manière plus personnelle."
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La réalisatrice a également été beaucoup aidée par son casting impeccable. "Virginie [Efira] a quelque chose de solaire, de sensuel", vante la réalisatrice. Omar Sy, lui, est loin de ses rôles de comédie. "J'ai été saisie quand je l'ai rencontré, par la fragilité qu'il dégageait et la douceur. Son personnage devrait partir du léger, du frivole, pour s'approfondir. Il est bouleversant dans le film car il est différent." Et Grégory Gadebois, dernier membre du trio ? "C'est un génie." Tout simplement.