Le stand des Jeux Made in France a mis en avant 30 studios cette année à la Paris Games Week. 1:45
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Nombre de petits studios français de jeu vidéo étaient présents à la Paris Games Week. Rencontre avec deux créateurs qui nous racontent les affres de la création d'un jeu vidéo.
REPORTAGE

La Paris Games Week touche à sa fin. Pendant cinq jours, et jusqu'à dimanche soir, les amateurs de jeux vidéo ont pu découvrir les dernière nouveautés. Et la France était encore bien représentée. Évidemment, il y a le mastodonte Ubisoft, leader mondial du secteur avec des jeux comme Assassin's CreedGhost Recon ou encore Les Lapins Crétins. Mais derrière, de petits studios se battent pour proposer des jeux de qualité. Europe 1 est allé à leur rencontre.

Le "french touch" : créativité et liberté artistique

En face de l’immense stand d’Ubisoft, le coin des Jeux Made in France rassemble 30 studios de petite et moyenne taille, choisis pour représenter le savoir-faire français sur le salon. S'y côtoient des passionnés ayant développé seul leur jeu le soir et le week-end et des entreprises plus installées, comme Asobo, développeur de l'acclamé A Plague Tale : Innocence. Mais au fait, c’est quoi le jeu à la Française ? "Il y a quelque chose d’un peu spécifique aux jeux français, ce côté 'jeu d’auteur' avec une manière d’aborder les sujets souvent plus subtile, avec une approche parfois même plus philosophique, où la violence est rarement gratuite", répond Jehanne Rousseau, fondatrice du studio Spiders.

Jehanne Rousseau a pu présenter son dernier jeu, "GreedFall", au secrétaire d'État au Numérique Cédric O.

En onze ans d'existence, ce studio parisien a fait ses preuves en sortant six jeux, majoritairement des jeux de rôle, dont le dernier, GreedFall, se déroule dans l'Europe du 17ème siècle. Aujourd'hui composé de trente personnes, Spiders a trouvé la recette du succès dans un secteur très concurrentiel : miser sur la créativité et l’originalité des talents tricolores. "Créer un jeu vidéo, ce n'est jamais facile, où que ce soit et quelle que soit la taille du studio. On a énormément de richesses en France, notamment beaucoup d’artistes, de musiciens qui sont vraiment uniques. Maintenant, il faut réussir à l’exploiter. Et même si c’est difficile, il ne faut pas baisser les bras", explique-t-elle au micro d'Europe 1.

Pour continuer à exister, Jehanne Rousseau cherche en permanence "valoriser l’aspect créatif des équipes". "Si on prend le jeu vidéo trop comme une industrie, c’est vrai que ça peut être vite frustrant pour les jeunes créateurs. Alors que quand on valorise vraiment la créativité de chacun, qu’on essaye de mettre en avant leur talent, de leur montrer leur travail dans les jeux, ils se sentent bien et ils font de bons jeux", raconte-t-elle. Un cercle vertueux : "Plus on ira vers des jeux complexes, intéressants, graphiquement attractifs, plus on attirera des gens qui ont envie de créer ce genre de projets".

Vivre du jeu vidéo, difficile mission

En arriver là, c'est le rêve de Matthias Crévieau. À la tête, lui, d’un studio de six personnes, il présente son deuxième jeu à la Paris Games Week : Seek the Stars. "C'est un jeu qui est né pendant qu'on travaillait sur A Song in the Void, notre premier jeu PC sorti en mars. On l'avait mis de côté et puis en y revenant, on l'a trouvé fun donc on a accéléré le développement", détaille le jovial entrepreneur. Pourtant, tout n'est pas simple pour son studio Armogaste. "Je travaille à côté, je finance une grosse partie de mon studio moi-même, avec mon associé", raconte-t-il.

Matthias Crévieaux crée des jeux par passion et espère pouvoir en vivre un jour.

Une double vie assez courante chez les créateurs de jeux indépendants, jusqu'à ce que le succès soit au rendez-vous. Pour les aider, le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) a mis en place des subventions, sur dépôt de dossier, comme pour le cinéma. "On a essayé de les obtenir mais on n'a pas été retenu. C'est dommage, car ces aides sont très intéressantes. Mais le CNC a beaucoup de demandes", regrette Matthias Crévieau. D'où un constat amer : "Si on n’est pas un grand studio, si on ne travaille pas pour un grand éditeur (qui publie les jeux des développeurs, ndlr) ou si on on ne sort pas la perle rare, c’est très difficile de vivre du jeu vidéo".

Pourtant, Matthias Crévieau garde le sourire. "La France, c’est pas un mauvais pays pour faire un jeu, au contraire, c’est bien ! Parce qu’il y a un public et une culture du jeu vidéo très importante", assure-t-il. Preuve en est : le vivier bouillonnant de créateurs indépendants. Et qui sait, l’un de ces petits studios sera peut-être un jour le prochain Ubisoft