Daniel Pennac 2:40
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Céline Brégand
Avec poésie, Daniel Pennac aborde dans son dernier roman, "La loi du rêveur", l'importance des rêves dans son processus de création littéraire. L'écrivain rend surtout hommage au réalisateur italien Federico Fellini, qui s'appuyait notamment sur ses rêves pour créer ses personnages, comme Daniel Pennac l'explique sur Europe 1 lundi.
INTERVIEW

Dans son dernier roman, La loi du rêveur (éd. Gallimard), Daniel Pennac se met en scène et s'amuse à brouiller les frontières entre rêve et réalité. La loi du rêveur est également un livre hommage à Federico Fellini. L'auteur ponctue d'ailleurs chaque début de chapitre d'une citation du réalisateur italien. Au micro de Matthieu Noël, lundi sur Europe 1, Daniel Pennac prend plaisir à raconter des anecdotes sur son réalisateur adoré.   

"Ses comédiens étaient des images de ses rêves"

L'écrivain raconte que, très souvent, les comédiens de Federico Fellini étaient "des images de ses rêves". "Dans ses rêves, des figures apparaissaient. Ensuite, il n'avait de cesse que de les retrouver dans la réalité", explique Daniel Pennac. "Fellini passait une annonce dans le journal avant de tourner qui disait 'Federico Fellini est prêt à recevoir tous ceux qui veulent le voir'. Et tous les Romains et les Romaines, qui de leur côté voulaient devenir une image fellinienne, se précipitaient au studio 5 de Cinecitta. C'étaient les grosses dames plantureuses, les ecclésiastiques ralentis, les ados insupportables...", énumère l'écrivain.

Des acteurs parfois non professionnels, à qui le réalisateur faisait passer des petits tests. "Quand les acteurs oubliaient leur texte ou avaient une voix qui ne lui plaisait pas, Fellini leur demandait de compter, sur un ton séducteur par exemple. Et d'ailleurs, si vous regardez attentivement les films de Fellini, particulièrement Roma, vous vous apercevez que le mouvement des bouches n'a rigoureusement rien à voir avec ce qu'ils prononcent", détaille l'écrivain qui raconte cette anecdote dans son nouveau roman.

"Vieillir, c'est constater que plus personne ne connaît Federico Fellini"

"C'en est même une marque du film. Il y a quelqu'un qui parle dans un studio, qui n'est pas le comédien en question et qui dit ce que Fellini a mûrement réfléchi de lui faire dire entre le moment où il a tourné le film et le moment de l'enregistrement", s'amuse Daniel Pennac qui, de son côté, fait croire à son lecteur tout au long de La loi du rêveur qu'enfant, il dormait avec un dessin signé Fellini au-dessus de son lit.  

"Vieillir, c'est constater que plus personne ne connaît Federico Fellini", écrit l'auteur de Chagrin d'école dans son dernier ouvrage. "Le temps passe. Les générations ne sont pas les mêmes", estime l'écrivain de 75 ans. "Et je crois aussi que c'est parce que Fellini passe très peu à la télévision. Les copies sont mauvaises. Elles ne sont pas remastérisées."