Mais d'où vient l'expression "les Poilus" pour parler des soldats de 1914-1918 ?

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Stéphane Bern
Dans "Historiquement vôtre" sur Europe 1, Stéphane Bern se penche chaque jour sur les racines d'une expression ou d'une locution du quotidien. À l'occasion du 11-Novembre, l'animateur se demande pourquoi les soldats qui se battaient dans les tranchées en 1914-1918 sont appelés "les Poilus".

En ce 11-Novembre, Stéphane Bern, qui propose chaque jour dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël de partir à la découverte d'une expressions que l'on utilise au quotidien sans vraiment en connaître l’origine, se penche sur le terme "Poilu". Ce surnom est associé aux soldats français qui se sont battus pendant la Première Guerre mondiale, notamment durant la bataille de la Marne. Pourtant, et contrairement à une idée reçue, le terme n'a pas grand-chose à voir avec leur pilosité.

"On a longtemps dit que 'les Poilus' de la Première Guerre mondiale étaient surnommés ainsi parce qu’ils étaient démunis de rasoir, et de tout ce qui participait à l’hygiène de façon générale. Mais sachez qu’entre 1914 et 1918, personne n’appelait ces soldats 'les Poilus'. Eux-mêmes se surnommaient 'les hommes'. Un 'poilu', à l’époque, et même bien avant, désignait un homme courageux. Molière, dans Les précieuses ridicules, utilise l’expression 'être un brave à trois poils'.

"C’est l’homme qui a du poil au bon endroit"

Dans un contexte plus guerrier, l’explication peut être lue dans le livre L’Argot de la Guerre, d’Albert Dauzat. 'Avant d’être le soldat de la Marne, le Poilu est le grognard d’Austerlitz, ce n’est pas l’homme à la barbe inculte, qui n’a pas le temps de se raser, ce serait trop pittoresque, c’est beaucoup mieux : c’est l’homme qui a du poil au bon endroit, pas dans la main !'

Si, au début de la Grande Guerre, les combattants français ont pu laisser aller leur pilosité, l’arrivée des premiers gaz a obligé les soldats à se raser pour que les masques soient efficaces.

Poilu ou pas, ayons ce jour une pensée émue et respectueuse pour ces combattants ainsi que pour Lazare Ponticelli, qui fut le dernier d'entre eux, décédé en 2008 à l'âge de 110 ans. Un 'Poilu' issu d’une famille de travailleurs immigrés italiens. Un joli symbole."