"Dreams" est disponible en exclusivité sur PS4. 4:18
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Les créateurs du jeu "Little Big Planet", qui permettait de créer des mini-mondes personnalisés, reviennent aux affaires avec "Dreams", jeu vidéo qui met la création et la liberté artistique à l'honneur. Musique, animation, décors : ce jeu communautaire vous prend par la main pour créer votre univers.

C'est le fantasme de tous les amateurs de jeux vidéo : passer de l'autre côté de la barrière, de joueur à créateur de ces mondes virtuels si fascinants. Cette transition est désormais accessible au grand public grâce à Dreams, un jeu vidéo pour créer... des jeux vidéo, mais aussi de la musique ou des courts-métrages d'animation. Le tout avec une simple manette, puisque le jeu est disponible uniquement sur PS4. La promesse d'un univers infini et communautaire, à condition d'être patient. 

La palette, c'est la manette

Nouveau jeu du studio Media Molecule, après le déjà très créatif Little Big PlanetDreams est un peu la "pâte à modeler", du jeu vidéo. On peut littéralement y faire tout ce qui nous passe par la tête : créer son propre monde imaginaire, copier dans les moindres détails un jeu que l'on aime, composer de la musique, etc. L'introduction du jeu, en plus d'être jolie, est très bien faite. Une voix off nous présente successivement les commandes de l'éditeur du jeu, le mode qui permet de créer librement. Mieux vaut toutefois être attentif car les outils sont nombreux et la manette de la PS4 n'offre pas la même variété de commandes qu'un clavier d'ordinateur.

Le jeu n’est pas réservé aux artistes. Même si le solfège vous donne des boutons ou que vous dessinez les bonshommes avec des traits, vous pouvez devenir un artiste sur Dreams. "Si on vous donne un violon maintenant, vous allez trouver ça très beau mais vous ne saurez pas en jouer. On n'a clairement pas eu envie de mettre un violon dans les mains des joueurs, avec l'appréhension brutale que ça aurait pu provoquer", précise à Europe 1 Christophe Villedieu, l’un des créateurs de Dreams. "Pour la sortie du jeu, on a fait des tonnes et des tonnes de tutoriaux qui sont conçus pour désacraliser la difficulté de création."

Liberté totale

Jouer à Dreams, c'est ensuite vaincre l'angoisse du vide. Il n'est pas aisé de créer de A à Z son propre monde. Heureusement, le jeu met à votre disposition tout un tas d’outils et d’éléments préconçus. Avec, par exemple, des modèles de personnages, d’arbres, de bâtiments, de l’eau, de la lave, des obstacles… Tout est personnalisable selon vos envies. "C'est un outil très polyvalent en termes de graphismes. On peut adopter un style impressionniste, ou bien très réaliste, ou complètement fantaisiste", souligne Christophe Villedieu. Et une fois que c’est prêt, vous jouez ! 

L'éditeur de "Dreams" est assez simple à prendre en main, même avec une manette.

Pour autant, ne vous attendez pas à pouvoir créer un simili FIFA ou Assassin's Creed : les moyens mis à votre disposition restent limités, notamment en termes de puissance graphique et de gameplay. Mais la liberté créative offerte par Dreams reste impressionnante. "Il y a des animateurs qui utilisent Dreams pour faire des courts-métrages, des sketchs. Certains font des séries en épisodes, comme des cartoons. Et puis, on a des gens qui ont carrément conçu des albums de musique avec les instruments du jeu. Ils les ont même mis sur Spotify !", s'enthousiasme Christophe Villedieu, lui-même créateur sur Little Big Planet avant d'être recruté par Media Molecule pour son talent et de devenir "game designer" de Dreams.

Le "Youtube du jeu vidéo"

Le mode "création", qui offre donc une liberté inédite au joueur, est renforcé par l'aspect communautaire de Dreams : tout ce qui est créé par les joueurs est mis en ligne. Le jeu se présente ainsi comme une sorte de "Youtube du jeu vidéo", au sein duquel on vous pouvez réaliser vos propres envies puis les proposer à la communauté, ou bien jouer aux créations des autres joueurs (et les noter). Tout cela via la "page d'accueil" de Dreams, dotée d'un moteur de recherche, de suggestions des jeux du moment ou encore d'un onglet de recommandations basées sur votre expérience de jeu. Dreams devient ainsi une sorte de réseau social mixé à une plateforme de jeux vidéo sur demande.

Et cela va même plus loin. Au-delà des créations finies, vous pouvez accéder à une gigantesque base de données pour construire votre monde. En plus des éléments conçus par les développeurs de Dreams, les joueurs peuvent ainsi accéder à ceux conçus par la communauté, que ce soit des décors (un type d'arbre en particulier par exemple), des textures ou des musiques. Une excellente initiative, qui permettra aux joueurs les moins imaginatifs de s'amuser et d'avoir le sentiment de créer de belles choses.

Bref, dans Dreams, vous pouvez tout faire, y compris modifier les jeux des autres. "Si vous voyez un jeu de courses de clowns dans des camions, que ça vous plaît mais que vous voudriez que ce soit des poulets dans des voitures, c'est faisable ! Vous trouvez une voiture dans les créations, un poulet, et vous les remplacez dans l'oeuvre créée par l'autre joueur. Et votre jeu s'ajoute à sa création", explique Christophe Villedieu. Créativité infinie et renouvellement permanent : Dreams est l’aboutissement de ce que peut offrir le jeu vidéo en tant qu’art.

Un jeu vidéo qui s'expose 

Même si le jeu vidéo est parfois qualifié de 10ème art, il ne s’expose que très rarement. C’est le privilège de Dreams, avec une exposition interactive à Paris à l'occasion de la sortie du jeu (entrée gratuite). Du 13 au 16 février, dans un espace privé dans le Marais, sous une verrière, une dizaine d’écrans, accrochés aux murs, tous encadrés, comme des tableaux, avec une manette pour jouer, sont disponibles en accès libre aux visiteurs.

Expo

Sur chaque écran, il y a une expérience créée par des artistes - des graffeurs et dessinateurs comme Oskunk, Toxic Avenger, Le Diamantaire - spécialement pour l’occasion. Ils se sont fait aider par les équipes de Dreams pour réaliser leur propre jeu, en apportant leur univers visuel ou musical. Résultat, une production variée, avec un court-métrage animé, un jeu jouissif où 'on incarne un Godzilla en peluche avec pour but de détruire une ville en carton-pâte, une exploration sous-marine apaisante, un jeu de labyrinthes très stylisé mais aussi pal mal angoissant… Si vous avez raté l'exposition, pas de panique : leurs créations sont jouables dans le jeu.