Françoise Hardy a bel et bien tiré un trait sur la chanson. L’idole des sixties, qui se bat depuis 2004 contre un lymphome, un cancer du système lymphatique, confirme dans une interview à Europe 1, qu’après 27 albums à son actif, elle ne compte pas remettre ça. L’occasion selon elle de se reposer, après un début d’année marqué par la promotion de son livre Avis non autorisés, paru aux éditions des Équateurs, succès du printemps en librairie avec 73.000 exemplaires écoulés.
"Je me sens plutôt bien". En mars dernier, la chanteuse a brutalement interrompu la promotion de son dernier livre après une chute qui lui a causé de multiples fractures, au fémur, au coude et à l'épaule notamment. Hospitalisée, elle est restée inconsciente pendant près de trois semaines qui ont fait craindre le pire à ses proches. Et assure maintenant que tout va mieux. "Par rapport à l’état dans lequel j’étais quand je me suis réveillée de mes trois semaines d’inconscience, durant lesquels on m’a opéré d’un tas de choses, et durant lesquels on a prévenu mes très proches, dont mon fils, que c’était la fin ; comparativement à tout ça, je me sens plutôt bien", rassure-t-elle.
Ecoutez l'interview de Françoise Hardy :
Et d’ajouter : "je vis vraiment dans le présent et dans le futur immédiat. J’ai découvert, peu à peu, tout ce par quoi j’étais passée. J’ai découvert que je n’aurais pas dû ressusciter comme j’ai ressuscité. Ça aurait été cohérent que je meure à ce moment-là, puisque j’avais donné le meilleur de moi-même sur le plan professionnel, sur le plan chanson et écriture disons. En plus, j’avais failli mourir de la mort dont je rêvais, c’est-à-dire une mort dans l’inconscience", confie la chanteuse. Car ce qui l’inquiète le plus, ce n’est pas la mort mais "la souffrance".
"Ce qui compte le plus aujourd’hui c’est mon fils". Et cette souffrance, elle souhaiterait l’épargner à son fils, Thomas Dutronc, la prunelle de ses yeux. "Ce qui compte le plus aujourd’hui, c’est mon fils. Je voudrais ce que tout parent, toute maman souhaitent pour leur enfant, qu’il soit heureux. En tant qu’être humain, il ne peut pas échapper aux épreuves, aux pertes, aux deuils. Mais je trouve que, jusqu’ici, il a eu une vie plutôt bonne et j’espère que ça continue", réagit-elle.
"Pas la force de continuer la musique". Concernant l’autre passion de sa vie, c’est-à-dire la chanson, François Hardy confie qu’elle a le sentiment d’en avoir fait le tour. "La chanson, ça m’intéresse toujours, aussi bien d’en faire que d’écouter celle des autres. J’ai fait ce que je pouvais faire. Je ne crois pas que je puisse faire mieux. Je n’ai pas la force, parce qu’il faut un minimum d’énergie, pour ne pas dire un maximum", confie l’idole des sixties, affaiblie ces dernières années par son cancer.
Des problèmes de santé qui ne lui permettent plus de faire face à ses angoisses. "En fait, ce qui fatigue, c’est que c’est très angoissant. Je n’arrive pas à me débarrasser de cette angoisse. C’est très angoissant quand vous avez une belle mélodie - puisque je ne peux écrire qu’à partir d’une belle mélodie - que l’on vous offre ça, et que vous ne savez pas si vous allez pouvoir trouver quelque chose qui soit à la hauteur de cette belle mélodie. C’est un moment terrible", confie-t-elle.
Françoise Hardy préfère donc aujourd’hui laisser la place aux jeunes talents. "Et il faut voir les choses telles qu’elles sont : quoique je fasse, j’en suis arrivée à un stade où je ne peux pas intéresser les stations radiophoniques. Et ça ne m’intéresse pas de ruiner une maison de disque, puisque faire un album dans les conditions dans lesquels je le fais moi, c’est très cher. Mais, ce qui m’intéresse encore moins, c’est de mobiliser de jeunes artistes qui ont beaucoup de mal à vivre de leur talent et qui voient leurs espoirs de mieux s’en sortir anéantis puisque le disque n’est pas diffusé.
Elle chante… les chansons de son fils. La chanson, Françoise Hardy la réserve donc à la sphère de l’intime. "Je vais vous faire une confidence qui ne va pas vous étonner : en ce moment, j’écoute beaucoup l’album de mon cher Thomas et je chante en même temps. Je chante une chanson des années 1920 qu’il a reprise, qui s’appelle I see you in my dream et qui est une vraie beauté", s’émeut-elle.
Depuis son opération, une autre chanson lui revient souvent en tête, confie-t-elle. "Et quand j’étais à l’hôpital, je repensais à cette chanson : L’amour fou. J’essayais de me remémorer les paroles et je ne m’en souvenais pas. Et je me disais : quand je rentre, il faut absolument que je l’écoute pour voir ce que j’ai écrit là-dessus. Je n’arrivais pas à me souvenir des paroles que j’avais écrites moi-même. En la réécoutant, je me suis dit qu’il y avait de belles cordes dans cette chanson et qu’elle était le reflet de tout ce que j’avais lu avec passion ces dernières années chez les auteurs romantiques anglais de la deuxième moitié du 19e siècle", conclut-elle.