Le rappeur français Akhenaton (à droite) et Shurik'n du groupe IAM, lors de la 13ème édition du festival Mawazine, à Rabat, le 2 juin 2014. 6:20
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Tiffany Fillon , modifié à
Invité dans l'émission d'Émilie Mazoyer, jeudi, Akhenaton, Shurik'n et Kheops, membres du groupe IAM, présentent leur nouvel album, Yasuke, toujours fidèle à leurs thèmes de prédilection. Toujours aussi passionnés par le rap et le hip-hop, ils sont déterminés à poursuivre leur carrière musicale. 
INTERVIEW

Deux ans après la sortie de Rêvolution, le groupe IAM revient avec un 10e album, Yasuke, qui sort vendredi. Pour l’occasion, Akhenaton, Shurik'n et Kheops étaient les invités jeudi de Musique !, sur Europe 1. Les membres du groupe reviennent d’une série de concerts à l’étranger et ne comptent pas s’arrêter là. Avec leur nouvel album, ils se penchent encore une fois sur des thèmes chers à l’identité d’IAM : la politique, le racisme, l’injustice, la pauvreté ou encore la lutte des classes.

Un esclave affranchi comme inspiration 

Le titre de l’album, inspiré d’un personnage historique, en dit déjà long sur les textes des rappeurs. "Yasuke était un esclave africain qui est arrivé au Japon et qui a réussi à s'élever au rang de samouraï, ce qui était impossible, à la base" au XVIe siècle, explique Shurik'n. À travers cette figure historique, les rappeurs font référence aux migrants qui traversent la Méditerranée, faisant de cet album une création ancrée dans son temps. Ses membres ont beau avoir aujourd’hui tous passé le cap de la cinquantaine, c’est avant tout la musique qui les amène aujourd’hui à sortir un 10e album, après 27 ans d’existence du groupe.

"Ce qui nous maintient, ce qui nous donne cette envie de continuer à produire, c'est cette passion pour le hip-hop et le rap", commente ainsi Kheops. De son côté, Akhenaton répond savoir qu’ils ont tous "conscience qu’en se levant le matin, on a une chance incroyable de faire ce que l’on fait".

Heureux de continuer le rap et d’écrire sur le monde actuel, les membres d’IAM disent ne pas avoir les yeux dans "le rétroviseur du genre ‘le rap c'était mieux avant’ ou ‘le temps ancien c'était super’". Pour IAM, cet état d’esprit s’applique autant à la politique qu’à la création musicale actuelle. "Il faut que ces personnes rétrogrades réouvrent les livres d'histoire et regardent ce qu'étaient les années 60 et 70. Sur les questions internationales, je ne pense pas que c'était des ères extrêmement violentes", estime Akhenaton.

Rap mainstream vs rap engagé, "un signe de richesse"

Même si les jeunes rappeurs se détachent des commentaires et punchlines politiques chères à IAM, le groupe ne s’oppose pas pour autant à cette jeune génération. "Au début, le rap est une culture faite pour distraire donc cela ne nous dérange pas tant que ça", défend Akhenaton. "Même si le rap mainstream truste toute l'attention du grand public, ce genre musical comme le hip-hop génère d’un autre côté une contre-culture. Donc les discours et les musiques peuvent être diamétralement opposées mais je vois cela comme un signe de richesse."

Cet écho à la modernité s’illustre par leur collaboration, sur cet album, avec le jeune rappeur antillais Kalash. "Dans nos pérégrinations de festivals en concerts et notamment dans les îles, on s’est croisés. Et puis, on s’est dit qu’un jour il faudrait faire un morceau ensemble, l’occasion s’est présentée sur Yasuke", raconte Akhenaton.

Tourné vers l’avenir et la jeunesse, IAM n’est donc pas prêt de mourir. "Aujourd'hui, on a fait un album composé de seize 16 titres. Mais, il nous en reste plein. On va en faire d'autres et on va continuer", résume Akhenaton. "Ce n’est pas fini, on va resigner pour 30 ans".

Leur tournée, baptisée le Rap Warrior Tour, débutera en mars. IAM sera à Marseille le 26 mars et à Paris, à l’Olympia, le 24 avril.