Imany : "l'album parle d'un couple qui s'est battu pour le mauvais combat"

© GUILLAUME SOUVANT / AFP
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A.D
Le second album de la chanteuse, The wrong kind of war, vient de sortir au mois d'août. Avec ensemble de cordes et percussions, il se détache de la version remixée de sa chanson Don't be so shy.

C'est l'histoire d'une beauté d'1,78 m complexée par sa voix grave quand elle était plus jeune. Imany était la fille qui chantait juste, mais une octave plus bas dans une chorale. Aujourd'hui, elle vient de sortir son nouvel album The wrong kind of war, où sa voix est toujours grave et sans complexe. Si vous ne la connaissez que par le remix de Don't be so shy, vous ne connaissez qu'une (toute) petite partie de son univers, qu'elle a entrouvert en live dans l'émission Europe 1 Music Club, samedi.

"Mannequin de classe moyenne". Désormais maman et chanteuse reconnue, Imany n'a plus le temps de courir trois fois par semaine. Mais avant de connaître le haut des charts, elle a pris quelques chemins de traverse. Après des études - plus ou moins assidues - en fac d'histoire, elle devient mannequin "de classe moyenne" dit-elle, à New York, une ville "super et à la fois violente, très compétitive". Un métier où "tu n'es pas dans la réalité" ajoute-elle. Une profession difficile, aussi, où les codes changent après le 11-Septembre. "Tout s'est écroulé", se souvient-elle. La jeune femme enchaîne alors les petits boulots : serveuse, hôtesse, distributrice de tracts déguisée en perroquet dans les rues de la Grosse Pomme, et même assistante attachée de presse d’un club de strip-tease.

Entendu sur europe1 :
Je ne voulais pas passer mon temps à travailler comme une malade pour juste payer le loyer

"Déclic". Mais l'aura de New York la rattrape. "Dans les couloirs des restaurants, on ne rencontre que des gens qui sont acteurs, chanteurs, qui n’ont que ce rêve et qui travaillent comme des fous. J’ai été inspiré par ça. C’est un truc américain. Le déclic s’est fait avec le temps et parce que je ne voulais pas passer mon temps à travailler comme une malade pour juste payer le loyer." En 2008, parce qu'elle en a "marre de faire le cintre", elle se lance dans ce qu'elle aime vraiment, prend des cours de chant, se réconcilie avec sa voix et apprend à écrire des chansons. Son premier EP sort en 2010, son premier album (The shape of a broken heart) l'année suivante. Et elle chante la musique du film Sous les jupes des filles en 2013. Son second album sort cinq ans plus tard, après "trois ans de gros boulot. J’espère que l’auditeur, à l’écoute, se sera pris une grosse baffe."

Le carton du remix. Loin de l'image dance-floor du Don't be so shy remixé où, dans le clip, une femme lascive danse (pas elle, précise-t-elle), son album est épuré, très cinématographique, avec un ensemble de cordes, des percussions, "un truc qui enveloppe", définit-elle. "Toutes les compos voix-guitares faisaient penser à des chansons de films." Pour autant, elle ne se vexe pas du remix, un véritable succès. "Au moment où on nous en a parlé, c’était déjà un carton. Tant qu’ils remixent, postent et ne monétisent pas, ils peuvent" utiliser la chanson, explique-t-elle. 

"Des histoires d'ego, de vaisselle sale". Dans cet album où elle chante en anglais, elle parle beaucoup d'amour, de manière assez triste, souvent. Le titre de l'opus y fait d'ailleurs référence. The wrong kind of war (le mauvais genre de guerre) "vient d’une chanson. Elle parle d’un couple qui avait toutes ses chances pour y arriver et qui, à la fin, fait le bilan de ce qui reste, c’est-à-dire pas grand-chose. Ils s’aperçoivent qu’ils se sont battu pour le mauvais combat, qu’au lieu de se battre pour être les plus heureux possible ensemble, ils se battent pour des histoires d’ego, de vaisselle sale, des choses idiotes qui font qu’on est là, sur les cendres de notre histoire. Je trouvais que c’était un bon titre. Le meilleur genre de combat, c’est celui qu’on a avec soi-même, pour aller bien, pour aller mieux, comme ça on ne shoote pas son voisin", explique-t-elle. "Ça marche dans l’amour comme dans les sujets de société, pour tout, en fait. Je trouvais que c’était un titre universel."

Quelques influences :

  • Bob Dylan, "surtout pour l’écriture. Je ne trouve pas du tout sa voix horrible. Oui, elle est nasillarde, mais très personnelle", commente-telle. "Il chante de manière très sincère, c’est ça qui me plait. Même s’il ne chante pas toujours juste, ça ne me gêne pas forcément."
  • Tracy Chapman, une autre chanteuse à la voix grave, l'a "bouleversée". "La première fois que je l'ai écoutée, je ne comprenais pas l’anglais. Quand j’ai réécouté en comprenant, je pleurais deux fois plus. Mais le vrai pourvoir de la musique ne s’entend pas et se sent."